« L’Islam a perdu un trésor précieux, l’Iran, un général exceptionnel, la Révolution islamique, un courageux porte-drapeau et le système islamique, un sage ». C’est en ces termes élogieux que le président iranien Hassan Rohani a commenté le décès d’Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, à 82 ans, des suites d’un infarctus. Un discours tenu lors d’un office religieux organisé à Hussainiya Jamaran, au nord de Téhéran, à propos de celui qui, de ténor de la Révolution iranienne, s’est converti durant ses deux mandats présidentiels en pilier du courant réformateur, face à la ligne dure des mollahs emmenés par Mahmoud Ahmadinedjad. Si l’actuel président Rouhani pleure autant le décès d’un prédécesseur, c’est qu’il perd avec lui son meilleur soutien sur le dossier nucléaire et, plus généralement, sur la réintégration de l’Iran dans le concert des nations. Désirant briguer un second mandat de quatre ans, Rouhani se trouvera certainement aussi plus isolé lors de la campagne pour la prochaine élection présidentielle prévue en mai prochain.
Une perte encore plus douloureuse pour Rohani
Rafsandjani est né en 1934 à Bahreman, au sud de l’Iran, et issu d’une famille de producteurs de pistaches aisée. Après avoir étudié la théologie dans la ville de Qom, il entre en politique en 1963, après l’arrestation de Khomeini par la police du Shah d’Iran. A l’avènement de la République islamique, cet ami intime de Khomeiny a présidé le Majlis, le parlement iranien, jusqu’à la mort de l’ayatollah, en 1989, puis a pris les rênes du pays jusqu’en 1997. Le double mandat de Rafsandjani, à la fin de la longue guerre avec l’Irak et sans l’influence omniprésente de Khomeiny, a été vécu comme une respiration : la reconstruction économique, des réformes sociales – certes mesurées – et la régénération des relations avec les pays voisins et sunnites ont marqué sa présidence. A son passif, toutefois, demeurera l’impossible maîtrise de l’inflation galopante, des relations pour le moins difficiles avec l’Europe, cristallisées par la fatwa émise à l’encontre de l’auteur des Versets sataniques, l’Indo-Britannique Salman Rushdie. Lors de la dernière élection présidentielle de 2013, il a collaboré avec Mohammed Khatami et le clan des réformateurs pour défaire le camp des ultra-conservateurs et permettre à Rohani de remporter le scrutin.