Le cimentier français Lafarge est accusé d’avoir payé des taxes et acheté du pétrole à Daesh. Un financement indirect du groupement terroriste qui risque de faire polémique.
C’est un épisode qui rappelle les heures sombres de l’histoire de France. La SNCF et Renault font, encore aujourd’hui, face à des accusations de collaboration avec le régime nazi pendant la Seconde guerre mondiale. Plus d’un demi-siècle plus tard, c’est au tour d’une autre grosse société française — qui a fusionné il y a un an avec le suisse Holcim — qui est au cœur d’une polémique plus qu’embarrassante. Ou plutôt de deux polémiques. La première avait réussi à échapper à l’attention des médias. En février, le site d’informations Zaman-al-Wasl avait accusé Lafarge d’avoir acheté des produits pétroliers à Daesh pour son usine de Jalabiya, en Syrie. Malgré la reproduction des courriers incriminant le cimentier, ce dernier avait balayé les accusations d’un revers de la main.
Ces pays du G20 qui financent Daesh
Cette fois, le groupe français est accusé d’avoir payé des taxes à l’Etat islamique entre 2013 et 2014 pour que son usine continue à fonctionner malgré la guerre qui ravageait le pays. Le site de Jalabiya avait été inauguré en 2011, un an avant le début des affrontements en Syrie. L’EI a réussi à obtenir de l’argent lors des contrôles à ses checkpoints pendant plus d’un an. Un financement indirect d’une organisation terroriste qui n’a pas duré : Lafarge s’est finalement fait prendre son site par les djihadistes en septembre 2014, avant que les forces armées kurdes et internationales n’en reprennent le contrôle et décident d’en faire une base. Lors d’un G20, Vladimir Poutine affirmait que l’EI était financé par quarante pays, y compris par des pays-membres du G20. Nul doute avec cet épisode que, indirectement, la France en a fait partie.