La liste des journalistes inquiétés par le pouvoir d’Erdogan s’allonge, après l’arrestation d’Erol Onderoglu, représentant de RSF, pour « propagande terroriste. »
Sale temps pour la liberté de la presse sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan. Le 20 juin, trois personnalités ont été arrêtées puis incarcérées : le journaliste franco-turc et correspondant de Reporters sans frontières, Erol Onderoglu, la présidente de la Fondation pour les droits de l’Homme de Turquie, Sebnem Korur Fincanci, et le journaliste et écrivain Ahmet Nesin. Motif invoqué : le soutien à la presse pro-kurde que le pouvoir tente de museler. Une décision qui ne surprend presque plus.
La Turquie, mauvaise élève de la liberté de la presse
Le dernier classement effectué par l’ONG Reporters sans frontières place Ankara à la 151e place sur 180 pays. A plusieurs reprises, les réseaux sociaux — Facebook et Twitter — ont été cadenassés afin de ne pas relayer certaines informations. Ce fut le cas lors des attentats qui ont frappé Istanbul. Par ailleurs, le leader historique de l’AKP mène une véritable guerre depuis deux ans contre son ancien allié Fethullah Gülen dont le mouvement islamiste moderne essaime écoles et médias à travers le monde. Lorsque ses journaux ont commencé à publier des affaires de corruption accusant l’entourage d’Erdogan, celui-ci a répliqué en mutant ou embastillant juges et policiers. Et en faisant passer sous contrôle gouvernemental le quotidien Zaman. Le prix Nobel de littérature Orhan Pamuk, auteur du chef d’œuvre « le Musée de l’innocence », ainsi que le pianiste Fazil Say ont été poursuivis devant les tribunaux alors qu’ils incarnent la culture turque dans le monde entier.