Il était le grand favori de la campagne, et sans grande surprise, Laurent Wauquiez a été élu président des Républicains hier. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a emporté l’élection avec 74,64 % des suffrages exprimés, contre 16,11 % pour Florence Portelli et 9,25 % pour Maël de Calan, ses adversaires.
« Ce soir, c’est le début d’une nouvelle ère pour la droite (…) ce soir, la droite est de retour », s’est réjoui Laurent Wauquiez suite à sa victoire. « Nous nous sommes divisés, nous avons déçu les Français. Je veux avec vous tourner ces pages, nous allons tout reconstruire, tout renouveler avec des nouveaux visages », a-t-il assuré.
Un nouveau départ pour la droite donc, caractérisé par des positions de plus en plus proches de celles du Front National. Depuis plusieurs mois, Laurent Wauquiez a en effet adopté le discours de Marine le Pen, en parlant lui aussi de « l’Europe passoire » concernant l’immigration.
Il a également célébré les « racines chrétiennes de l’Europe. » Un regain pour le christianisme qui s’est d’ailleurs manifesté par l’installation d’une crèche au sein du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes. Une décision contestée par la justice, à laquelle Laurent Wauquiez a finalement trouvé une parade en organisant une exposition de santons, pour répondre au caractère festif et culturel d’une telle installation.
Une alliance politique proposée par Marine le Pen pour « sortir de l’ambiguïté »
Le 26 novembre dernier, il déclarait également sur Europe 1 que « l’ennemi de la laïcité, c’est la prière de rue, le communautarisme islamique. Ce qui menace la laïcité, ce n’est pas les crèches. » Il proposait aussi d’instaurer un « grand contrat républicain » avec les musulmans de France.
Face à ce vocabulaire si proche du sien, Marine le Pen proposait mi-novembre à Laurent Wauquiez une alliance politique avec son parti afin de « sortir de l’ambiguïté ». « Jamais d’alliance avec Mme Le Pen, ni avec le Front national ! », avait répondu l’intéressé, en meeting dans le Rhône.
Pourtant l’homme politique ne s’est pas caché de vouloir séduire l’électorat lepéniste. « Oui je parle aux électeurs qui votent FN. Je veux les ramener vers nous car je suis persuadé qu’il n’y a pas 35 % de fascistes en France », confiait-il au Parisien.
Mais ce rapprochement avec les idées d’extrême-droite n’est pas du goût de toute la famille politique. « Il n’a pas clairement appelé à voter contre Marine Le Pen entre les deux tours de la présidentielle. Ça a été pour un certain nombre d’entre nous le point de rupture », expliquait l’ex-LR Gérald Darmanin au quotidien.
«Il ne peut pas tenir en même temps un discours destiné à séduire l’extrême-droite et vouloir attirer les centristes »
En effet, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand ou encore Christian Estrosi l’accusent de faire le jeu de l’extrême-droite. L’ancien ministre Dominique Bussereau rappelait également sur Sud Radio les «trois lignes rouges» formulées avec Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, à savoir « aucun rapprochement avec le FN, aucun flirt éhonté avec Sens commun et un engagement européen sans faille. »
Le nouveau président des Républicains a dit vouloir « tendre la main à tout le monde » pour n’avoir ni ennemis ni adversaires dans sa famille politique. Il a déjà proposé à Valérie Pécresse, la présidence du conseil national du parti. Mais celle-ci avait clairement exprimé son opposition à la ligne de Laurent Wauquiez, en lançant son propre mouvement, baptisé « Libres », en septembre dernier.
Laurent Wauquiez tente aussi de rallier les centristes, comme il l’a laissé entendre la semaine dernière, en meeting à Lille. «Il ne peut pas tenir en même temps un discours destiné à séduire l’extrême droite et vouloir attirer les centristes, ce n’est pas compatible, et même pas crédible», a réagi Jean-Christophe Lagarde, le président de l’UDI. Ce dernier avait déjà prévenu avant le scrutin qu’il n’y aurait pas d’alliance entre son parti et LR si Laurent Wauquiez était élu.
Ainsi, tout l’enjeu de Laurent Wauquiez sera de réussir à rassembler la droite, juppéistes et sarkozystes à ses côtés. Une tâche qui s’avère d’or et déjà difficile. Le maire de Bordeaux, Alain Juppé, a estimé sur Twitter que c’était « à lui de jouer maintenant, avec sa génération. »