« La liberté de culte ne doit pas être appliquée aux détriments de la qualité de la vie. » Voilà, en somme, le message d’un des deux textes de loi adoptés hier en vote préliminaire à la Knesset, le parlement israélien. Si, en théorie, le message semble universel, ces deux lois sont en réalité une façon de faire taire l’Islam en Israël. Que prévoient les deux textes ? La principale mesure est de limiter le son des hauts-parleurs des lieux de culte, notamment pour les appels à la prière du matin et du soir. Si les parlementaires ont toujours nié vouloir s’attaquer exclusivement à l’Islam, leur volonté de vouloir réduire « les souffrances quotidiennes de centaines de milliers d’Israéliens exposés aux nuisances sonores des haut-parleurs des mosquées » semble pourtant être une attaque directe à la religion musulmane. Pour le député Moti Yogev, cette loi va permettre « aux personnes de dormir pendant les heures de repos et de ne pas être réveillés avant l’aube. »
Il faudra deux autres lectures avant que ces textes ne soient définitivement adoptés. Mais tout tend aujourd’hui à prouver que la Knesset est déterminée à interdire certains appels de mosquées à la prière, notamment dans les zones urbaines. De quoi passablement énerver les députés de la Liste arabe unie, comme Ayman Odeh, qui estime qu’il s’agit là d’« une offensive contre la population arabe, contre la présence des Arabes, contre la langue arabe et contre notre existence dans la région. » Pour la parlementaire, « le son des muezzins a précédé les racistes et existera après les racistes. » Plusieurs députés de ce même parti ont déchiré, en signe de protestation, une copie du projet de loi. Une loi, selon un autre parlementaire, « raciste dont le seul objet est de nuire à notre communauté. » Les tensions sont à leur comble à la Knesset. L’une des députés de l’Union sioniste, Tzipi Livni, estime que « le ‘projet de loi muezzin’ n’est pas fait pour empêcher le bruit, mais pour propager la haine. »