Il y a quelques années, Aung Suu Kyi était acclamée à l’ONU ; aujourd’hui, le gouvernement birman qu’elle dirige a refusé l’entrée sur son territoire à trois enquêteurs mandatés par l’organisation multilatérale. Le spécialiste des droits de l’Homme Christopher Dominic Sidoti et les avocats internationaux Radhika Coomaraswamy et Indira Jaising avaient pour mission d’établir les « faits et circonstances précis concernant les allégations de violations des droits de l’Homme par les militaires birmans, en particulier dans la région de Rakhine ». Mais pour le Secrétaire permanent aux affaires étrangères birman U Kyaw Zeya, « il n’y avait aucune raison d’accueillir une telle mission ». D’après le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’Homme, la « répression » des Rohingya aurait fait plus de 1 000 morts. Quelque 70 000 personnes auraient quitté le pays pour se réfugier au Bangladesh et dans les alentours. Qualifiée de « nettoyage ethnique » par les Nations Unies, la persécution des Rohingya s’étend des viols en réunion aux tortures, en passant par les meurtres et les massacres sauvages. Pourtant, l’ancienne lauréate du prix Nobel de la Paix, surnommée « l’héroïne birmane », assure de son côté qu’il n’y a « pas de génocide à l’encontre des musulmans ». Considérés comme des étrangers en Birmanie, pays dont les habitants sont à plus de 90 % bouddhistes, les Rohingya sont traités en apatrides alors que bon nombre d’entre eux vivent dans le pays depuis des générations. Ils n’ont pas accès au marché du travail, ni aux écoles, ni aux hôpitaux. Et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années n’a fait qu’attiser l’hostilité à leur encontre.
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