L’Inde continue à s’enfoncer dans un climat de haine du musulman. Après la victoire de la droite nationaliste hindoue dans l’Uttar Pradesh il y a deux semaines, le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, ou BJP) a placé Yogi Adityanath à la tête de cet Etat, le plus peuplé d’Inde. Un homme islamophobe, qui rêve d’une Inde totalement hindoue. La haine du musulman est devenue presque banale dans cette régions et aux alentours : au Gujarat, 5 000 hindous ont décidé de s’en prendre à des musulmans en incendiant leurs maisons et leurs voitures il y a quelques jours seulement. Du côté de l’Uttar Pradesh, la fronde antimusulmans a passé un nouveau pallier : l’extrémiste Yogi Adityanath a décidé la fermeture des abattoirs jugés illégaux.
Derrière cette mesure se cache une volonté farouche de toucher aux communautés non hindoues, et plus particulièrement à celle se réclamant de l’Islam. Une décision religieuse, puisque, économiquement, celle-ci pourrait s’avérer catastrophique pour l’Etat. En effet, l’industrie agroalimentaire, celle du cuir mais aussi l’agriculture pourraient pâtir de la fermeture des abattoirs. Depuis deux ans, l’Uttar Pradesh représentait près de la moitié des exportations de viande de bœuf et, localement, la viande est consommée par les 35 millions de musulmans qui en sont friands. La décision de Yogi Adityanath va concerner 25 000 abattoirs sur les 29 000 existants. Autant dire que celle-ci aura des conséquences catastrophiques. La victoire du BJP a en tout cas donné des ailes partout dans le pays : outre les violences de ces derniers jours, dans l’Etat voisin d’Haryana, l’armée de Shiva, un parti allié du BJP, a fait fermer 300 magasins et restaurants qui proposaient de la viande. L’« hindutva », la volonté d’« hindouiser » la société indienne, semble bel et bien en route.