C’est niché dans l’amas de ruines de la tombe de Jonas, un site antique sacré à la fois pour les musulmans et les chrétiens, que le violoniste irakien Amin Mokdad a donné hier un petit concert solo dans Mossoul, qu’il avait été obligé de fuir face à la domination du groupe Etat islamique (EI). C’est pourtant sous le feu et les explosions de bombardements incessants des troupes alliées, toujours actives pour reprendre la totalité de la ville, que Mokdad a interprété les morceaux qu’il a composés en cachette alors que la ville était sous emprise djihadiste. « Ce lieu appartient à tous, pas seulement à une secte », a confié le musicien interviewé par l’agence Reuters. « Daesh ne représente pas une religion mais une idéologie qui réprime la liberté », a-t-il poursuivi.
Sous les bombardements
A 28 ans, Amin Mokdad a dû se résoudre à fuir sa ville natale après que des membres de l’organisation terroriste se sont introduits chez lui et lui ont confisqué ses instruments de musique, dans leur entreprise d’éradication de ce qu’ils considèrent un sacrilège. Le concert donné hier, dont la programmation a été annoncée via les réseaux sociaux et qui a duré une heure, entendait marquer symboliquement son premier retour depuis que la ville est tombée en juin 2014 sous le contrôle de l’EI. Et il a soigneusement élu la scène de sa prestation, connu chez les musulmans comme la mosquée de Yunus. Une décision pour le moins audacieuse quand on sait que le site historique se trouve à l’est de la ville, de l’autre côté du Tigre, dans une zone pas encore totalement reprise des mains de Daesh. « Je veux profiter de cette occasion pour envoyer un message au monde : la musique est quelque chose de beau », explique-t-il avant de conclure : « Tout ce et ceux qui s’oppose(nt) à la musique est horrible (…), il faut combattre le terrorisme et toutes les idéologies liberticides ». Certes, seule une vingtaine de personnes, en grande majorité des hommes, ont bravé les bombardements pour assister à la représentation du violoniste. Mais un public qui a tenu à soutenir l’initiative de l’un des leurs. « C’est cela dont nous, les jeunes, avons besoin », a commenté un des présents.