« Notre devoir, c’est de voter le 23 avril prochain. » Dans un communiqué, la Grande mosquée de Lyon « appelle la communauté musulmane à se rendre nombreuse aux urnes » dans trois jours. Kamel Kabtane estime que glisser un bulletin dans l’urne est « un devoir pour tous les musulmans » qui ne doivent pas se laisser « dicter leur devoir de citoyens par ces irresponsables qui agitent des principes éculés. » La mosquée lyonnaise n’est pas la première à inciter les fidèles à aller voter dimanche. Dans une tribune publiée dans Le Monde un jour plus tôt, Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, écrit qu’il « appelle tous les citoyens français de confession musulmane à se rendre massivement aux urnes, car c’est à la fois leur devoir de citoyens et leur droit de musulmans. » Comme Kabtane, Boubakeur dénonce ceux dans la communauté musulmane qui « prétendent que la République ne serait pas compatible avec l’Islam » et pour qui « il serait haram d’aller voter. »
L’ex-UOIF contre l’extrême droite
Deux messages étonnants : là où les responsables de ces deux grandes mosquées auraient pu dénoncer les discours islamophobes de candidats à la présidentielle ou en tout cas l’obsession de ces derniers pour l’Islam, ils préfèrent relayer les quelques voix au sein de la communauté qui estiment que le vote est « haram. » Et qu’on entend finalement très peu. Du côté de l’UOIF, rebaptisé le week-end dernier Musulmans de France, on s’engage un peu plus sur le terrain politique. Pour le président de cette union d’associations musulmanes, Amar Lasfar, une seule consigne de vote : « Préservons la France de la menace de l’extrême droite. » Outre freiner le Front National, l’ex-UOIF appelle donc avant tout à voter. « L’abstention, c’est le mauvais choix », estime Nabil Ennasri, président du Collectif des musulmans de France. Amar Lasfar, quant à lui, demande de ne « pas se cantonner à ce que dit un candidat sur l’Islam pour se prononcer sur ce candidat. »
Le CFCM reçoit les principaux candidats
De la Grande mosquée de Paris à celle de Lyon, en passant par l’ex-UOIF, toutes les organisations musulmanes incitent donc les musulmans à aller aux urnes, mais aucune ne se risque vraiment à donner des pistes. Et c’est le statu quo du côté du CFCM. Le Conseil français du culte musulman reçoit, depuis plusieurs jours, les principaux candidats à la présidentielle. Là non plus sans s’engager : l’échange avec François Fillon a été, selon le CFCM, « ouvert », celui avec Benoît Hamon a été « convivial », tandis que le dialogue avec Emmanuel Macron a lui aussi été « ouvert. » Le Conseil français du culte musulman est devenu spécialiste dans l’art de ne pas se mouiller. Il n’y a « pas de démarche partisane, mais la défense des intérêts du culte musulman », argumente l’organisation qui, comme les mosquées et l’UOIF, espère jouer un rôle en recevant les différents candidats. Mais n’est pas le CRIF ou la Fédération protestante de France qui veut…