jeudi 31 octobre 2024
11 C
Paris

National Geographic : « Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes »

Dans son numéro d’avril 2018, le magazine américain National Geographic a consacré un dossier sur la question raciale, avec en une la photo de jumelles britanniques, une blanche et une noire.

A cette occasion, la rédaction a décidé de réaliser une introspection sur ses articles, régulièrement consacrés à la géographie, les sciences, l’histoire, l’archéologie… 

Cent trente ans après la parution du premier numéro en 1888, le magazine s’est donc plongé dans l’analyse de la représentation des personnes de couleur, à travers ses photographies et ses textes. 

Pour cela, le National Geographic a demandé à l’historien John Edwin Mason (professeur à l’université de Virginie spécialisé dans l’Histoire de la photographie et de l’Histoire de l’Afrique), de se pencher sur toutes les archives du mensuel. 

Le constat ? Beaucoup de stéréotypes racistes ont été véhiculés à travers le magazine. 

«Pendant des décennies, nos reportages étaient racistes. Pour surmonter ce passé, nous devons le reconnaître», écrit Susan Goldberg, rédactrice en chef monde du magazine, auteure de l’article consacré à ce sujet. 

Les « natifs » présentés comme des personnes exotiques, des sauvages

« Je suis le dixième rédacteur en chef de National Geographic depuis sa création en 1888 (…) Il m’est douloureux de partager cet affreux état de fait qui fait pourtant partie de l’histoire du magazine. Mais puisque nous avons aujourd’hui décidé de faire une couverture exceptionnelle du sujet des « races », il nous faut faire cet examen de conscience avant de considérer de faire celui des autres », ajoute Susan Goldberg. 

Pour John Edwin Mason, contrairement à d’autres magazines comme Life, « National Geographic a très peu fait pour faire en sorte que ses lecteurs dépassent les stéréotypes de la culture blanche occidentale », dans une Amérique ségréguée. 

« Jusque dans les années 1970, National Geographic ignorait complètement les personnes de couleur qui vivaient aux États-Unis », analyse l’historien, alors que le magazine décrivait parallèlement les « natifs » d’autres pays « comme des personnages exotiques, souvent dénudés, chasseurs-cueilleurs, sorte de « sauvages anoblis ». 

Ainsi, le magazine avait pour habitude de représenter des indigènes en admiration devant les appareils photo des reporters, présentant « l’autochtone fasciné par la technologie occidentale ». 

« National Geographic est né au moment où la colonisation était à son apogée (…) et était le reflet de cette vision du monde »

La journaliste Susan Goldberg revient sur un reportage en Australie datant de 1916, qui a laissé l’actuelle rédaction « sans voix ». Sous plusieurs photos d’Aborigènes figure en effet la légende : « Deux Noirs sud-Australiens : ces sauvages se classent parmi les moins intelligents de tous les êtres humains. »

Les populations de couleur étaient donc très souvent absentes des sujets de société ou de l’actualité politique traités par le magazine. Par exemple, dans un reportage de 1962 réalisé en Afrique du Sud, il n’est pas fait mention du massacre de 69 personnes noires par la police à Sharpeville. Les Noirs représentés sur les photos sont des ouvriers, des domestiques, ou des danseurs. 

Ce n’est qu’en 1977, lors de la lutte pour les droits civiques et à un moment où les mentalités aux Etats-Unis évoluent, que le magazine commencera à photographier et à présenter les Noirs différemment. 

« National Geographic est né au moment où la colonisation était à son apogée, et où le monde était divisé entre colons et colonisés. Une ligne de couleur les séparait, et National Geographic était le reflet de cette vision du monde », explique John Edwin Mason. 

« Je souhaite que les prochains rédacteurs en chef de National Geographic puissent être fiers de l’histoire de ce magazine, pas seulement pour les reportages que nous aurons décidé de publier mais aussi pour la diversité de journalistes, rédacteurs et photographes qui les portent », conclu Susan Goldberg. 

Actualités en direct

Pourquoi de nombreux musulmans hautement qualifiés choisissent-ils de quitter la France ?

L'étude "La France, tu l’aimes mais tu la quittes"...

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Les brèves

Chems-Eddine Hafiz et la mosquée de Paris en plein « doute »

La Grande mosquée de Paris attend la Nuit du doute pour annoncer la date de l'Aïd. L'objectif n'est pas d'observer la Lune mais de s'aligner sur certains pays. Un procédé qui sème la zizanie.

Gaza : la censure de la vérité

La philosophe américaine Judith Butler ne participera pas aux conférences auxquelles elle était invitée, au centre Pompidou, après avoir rappelé que le Hamas était un mouvement de résistance.

Averroès et la solidarité des musulmans de France

En difficulté financière après la rupture de son contrat avec l'Etat, le lycée Averroès a obtenu plusieurs centaines de milliers d'euros de dons.

L’Allemagne récidive, après la Shoah

Le Nicaragua accuse l'Allemagne, devant la Cour internationale de justice, de faciliter le génocide perpétré par Israël à Gaza.

Israël : la fin de l’impunité ?

Des juges britanniques demandent au Premier ministre Sunak de stopper la vente d'armes à Israël et lui suggèrent de sanctionner les responsables israéliens.

Espagne : vers la reconnaissance de l’Etat palestinien

Le gouvernement espagnol veut reconnaître l'Etat palestinien avant l'été. L'annonce est prévue pour le 9 juin.

Sur fond de génocide en Palestine, l’iftar de la Maison-Blanche annulé

Les invités de l'iftar de la Maison-Blanche ont refusé de rompre le jeûne avec le président Biden qui doit, selon eux, revoir sa position sur Israël.
Quitter la version mobile