Il s’appelait Martyn Hett, il avait 29 ans et il fait partie des 22 victimes tuées dans l’attentat-suicide du 22 mai dernier à Manchester. Un attentat revendiqué le lendemain par l’Etat islamique et dont l’auteur, Salman Abedi, a été rapidement identifié comme fils d’immigrés libyens. De quoi alimenter la rhétorique anti-migratoire, xénophobe et islamophobe de politiques populistes, à quelques jours d’élections législatives clés pour l’avenir du Royaume-Uni et de l’Union européenne plus généralement. Aussi, dans un entretien accordé au quotidien The Guardian, Dan, le frère de Martyn, lance un appel à ses concitoyens pour éviter tout amalgame entre immigration et terrorisme. « Natif de Manchester avec des origines turques, je ne suis pas très éloigné du profil [d’Abedi], avance d’emblée Dan Hett, avant de poursuivre : « L’idée que quelqu’un dise « Oh, c’est un problème d’immigration ! » me frustre. En quoi est-ce un problème d’immigration ? C’est un terroriste né au Royaume-Uni, qui a tué, parmi plusieurs autres personnes, mon frère né au Royaume-Uni ! »
« Il devait avoir le même accent que le mien ! »
Des propos qui peuvent avoir leur petit effet, dans la perspective des élections législatives du 8 juin prochain, d’autant plus que le frère de Martyn, qui préfère s’interroger sur les causes profondes d’un terrorisme qui a frappé deux fois son pays en l’espace d’un mois, incrimine la sphère politique. « Il m’est très difficile d’approuver ce que dit Theresa May et plus globalement, de parler de fermeture des frontières et de construction de murs pour remédier au problème. Salman Abedi était jeune de la seconde génération [d’immigrés] qui devait avoir exactement le même accent que le mien », a déclaré ce jeune développeur et designer digital. « On ne se radicalise pas du jour au lendemain, c’est ce qui me m’afflige. Le problème n’est pas avec cette personne mais avec le contexte qui lui a permis de se radicaliser et de ne pas être surveillé », analyse Dan Hett. Car selon le jeune homme de 31 ans, les services de sécurité aurait pu – dû – faire plus. « Même si je serai éternellement reconnaissant à l’égard des services d’urgence et de la police pour ce qu’ils ont fait, le fait est que [Abedi] était connu pour des délits mineurs. Et malgré les mises en garde répétées de ses camarades, il n’a pas été arrêté. C’est cela qui génère, non pas ma colère, mais ma confusion », conclut-il.