L’Opéra de Paris a récemment été critiqué pour avoir eu recours à un blackface pour un personnage. En effet, pour jouer une servante dans la Traviata de Verdi, une mezzo-soprano, Cornelia Oncioiu, s’est peint le visage en noir.
Un détail qui a interpellé un spectateur il y a quelques jours. Sur Twitter, il écrit :
« Tout avait très bien commencé, très belle introduction, très beau décor. Rien à redire donc, jusqu’à l’apparition furtive d’Annina, la servante de Violetta, qui m’a perturbé… Il se trouve que Annina est noire dans cette mise en scène, alors que dans la plupart des mises en scène que j’ai pu trouver sur internet, elle était blanche ».
Le spectateur a alors alerté l’Opéra de Paris, sur ce même réseau social, lui demandant des explications.
« Pourquoi avoir tenu à représenter Annina en noire ? Pourquoi le seul personnage noir de la distribution est la servante ? Et si vous teniez absolument à la représenter noire, pourquoi ne pas avoir engagé une chanteuse noire ? », interroge t-il.
Pour la direction de la communication de l’Opéra de Paris, qui a répondu aux questions du magazine Street Press, « il n’y a pas de problème ». Le metteur en scène aurait voulu rendre hommage au tableau de Monet l’Olympia, où une courtisane nue est peinte à côté d’une femme de chambre noire. « Il aurait peut-être mieux fallu l’expliquer », se défend l’institution. « En aucun cas l’Opéra de Paris cherche à avoir des propos ou une attitude racistes », ajoute t-elle.
En France, à l’opéra, cette pratique ne date pas d’hier, comme l’explique à AJ+ la journaliste Aliette de Laleu, spécialisée en musique classique :
« Le public d’opéra n’est pas forcément au courant que c’est une pratique raciste et qu’il y a toute une histoire autour de l’utilisation du blackface. Il y a une tradition à l’opéra de vraiment faire ressembler les chanteurs aux personnages et pour ça on utilise du maquillage à outrance sans trop réfléchir aux conséquences et au fait que ça puisse blesser des communautés ».
Elle donne également d’autres exemples de blackface, comme dans la représentation de « Othello », où des ténors blancs sont grimés en noir. Dans un autre registre, pour l’opéra « Aida » de Verdi qui se passe en Egypte, les chanteurs blancs sont aussi rendus plus mates de peau grâce à de l’auto-bronzant.
Aux Etats-Unis, plus en avance sur ces questions, l’opéra de New York a décidé d’interdire le blackface en 2015.