Cet été déjà, l’association Interlogement 93 qui gère le 115 en Seine-Saint-Denis, avait alerté sur la situation de femmes et de leurs nouveaux-nés sans domicile. Ces mères seraient de plus en plus nombreuses dans le département mais aussi ailleurs en Ile de France.
Rien qu’aux mois de juillet et août, 54 familles se seraient retrouvées sans logement à la sortie de la maternité, selon les chiffres d’Interlogement 93. En 2017, les maternités de Seine-Saint-Denis ont également effectué 246 signalements de patientes enceintes et à la rue.
Rabab Mosbah, gynécologue obstétricienne depuis trois ans, est confrontée au quotidien à ce problème, dans l’exercice de son métier.
« Je travaille en région parisienne depuis un an environ. J’ai pu constater que de nombreuses femmes restaient longtemps hospitalisées après un accouchement, car elles étaient sans domiciles. Depuis six mois je travaille dans une autre clinique du 93 et là encore je vois des patientes qui viennent d’accoucher et qui ne savent pas où aller car le 115 est surchargé. On a dû garder une femme pendant trente jours car elle n’avait pas de domicile », explique t-elle.
« Laisser des bébés de 3 jours dehors dans la rue, je ne pouvais pas supporter plus longtemps cette situation », confie la jeune femme, qui collabore d’ailleurs avec l’association Un petit bagage d’amour qui fournit des poussettes et autres objets de naissance pour les mères en situation de précarité.
Celle-ci vient donc de créer il y a quelques semaines, Oum Need Home. Pour le moment, cette association lance des cagnottes en ligne pour aider à l’hébergement de ces femmes dans des hôtels. Mais tout comme le 115 où les femmes sont accueillies seulement pour la nuit, Rabab Mosbah sait que cette solution n’est pas viable.
« Le but sur le long terme c’est de créer un refuge pour femmes. On souhaite acheter un foyer ou un immeuble pour les mères et on lancera donc une autre cagnotte pour ce projet », indique t-elle.
En attendant, l’association fait appel aux dons mais aussi aux bénévoles pour emmener les femmes de l’hôpital à leur hôtel, pour leur apporter du lait, des couches, des aliments, des vêtements.
« Il y a beaucoup de femmes réfugiées en France et qui ne savent pas comment se déplacer », souligne la gynécologue. « Mais les mères à la rue sont aussi des femmes victimes de violences conjugales qui viennent de quitter leur domicile et qui ont des enfants en bas âge », précise t-elle.
Rabab Mosbah déplore un manque d’aide de l’Etat et de structures pour aider ces femmes.
Elle dénonce aussi la fermeture de PMI (protection maternelle et infantile) dans le nord de la France, « alors que c’est la seule structure quand on n’a pas de moyens comme ces femmes là, pour faire soigner leurs bébés. Si on les ferme, je ne sais pas comment elles vont faire ».