Le groupe américain Mattel a présenté lundi 13 novembre sa nouvelle Barbie, à l’effigie de Ibtihaj Muhammad, première américaine en hijab à participer aux Jeux Olympiques de 2016 au Brésil.
« Je suis si fière de savoir que des petites filles du monde entier vont désormais pouvoir jouer avec une Barbie qui a choisi de porter le hijab », a déclaré sur Twitter, la médaillée de bronze championne du sabre, de 31 ans.
Thank you @Mattel for announcing me as the newest member of the @Barbie #Shero family! I’m proud to know that little girls everywhere can now play with a Barbie who chooses to wear hijab! This is a childhood dream come true 😭💘 #shero pic.twitter.com/py7nbtb2KD
— Ibtihaj Muhammad (@IbtihajMuhammad) November 13, 2017
En 2016, le groupe avait déjà sorti une poupée Barbie à l’image de la gymnaste noire américaine Gabby Douglas, championne olympique lors des jeux de Londres 2012.
« Nous sommes ravis d’honorer Ibtihaj Muhammad avec une poupée barbie unique ! Ibtihaj continue d’inspirer partout les femmes et les jeunes filles pour qu’elles repoussent les barrières », a écrit Mattel sur les réseaux sociaux.
We are so excited to honor @IbtihajMuhammad with a one-of-a-kind #Barbie doll! Ibtihaj continues to inspire women and girls everywhere to break boundaries. #Shero #YouCanBeAnything #GlamourWOTY pic.twitter.com/oV0e6ClgL6
— Barbie (@Barbie) November 13, 2017
La poupée fera ainsi partie de la collection « Sheroes » de la marque, des héroïnes qui incarnent la femme d’aujourd’hui et inspirent de par leurs combats ou leur parcours.
Les stéréotypes véhiculés par Barbie dénoncés par les consommateurs
Mattel a présenté sa première Barbie en 1959. Les cheveux blonds, la peau blanche, grande et la taille filiforme, tel a été le modèle principal de Barbie pour les petites filles pendant de nombreuses années. Barbie était aussi principalement dévouée à des métiers réservés à tort aux femmes, comme maîtresse d’école ou infirmière.
Au fil des années, l’entreprise a dû moderniser l’image de Barbie et en faire une poupée plus inspirante pour les petites filles. Ainsi, Barbie a exercé près de 150 métiers, dont pilote, médecin, présidente de la République, astronaute et même officière de l’armée.
C’est seulement dans les années 80 que Mattel se décidera enfin à créer une poupée noire à la coupe afro…. et 2016 pour que l’entreprise décline sept couleurs de peau différentes à ses Barbie. Mattel qui a donc fini par miser sur la diversité, s’est également penché sur la question du corps de Barbie. Sa minceur extrême et ses mensurations irréalistes étaient largement montrées du doigt par les consommateurs. Ainsi l’année dernière, des Barbie à la taille plus petite et aux hanches plus larges ont été proposées.
« Nous pensons que nous avons la responsabilité envers les filles et les parents de refléter une vue plus large de la beauté », avait fait savoir Evelyn Mazzocco, vice-présidente et manager générale de la marque Barbie, au sujet de ces nouveaux modèles.
Le Moyen-Orient, un marché pour Mattel ?
Mais pour Mattel, l’enjeu est aussi de contrer la diminution de ses ventes. Et aussi peut être de conquérir ou reconquérir de nouveaux marchés. En effet, au Moyen-Orient, Barbie n’a plus la côte depuis une dizaine d’années. En 2003 sa concurrente, du nom de Fulla, brune et aux yeux foncés, voilée, et à un prix plus accessible, est apparue dans les supermarchés. Conçue par la firme syrienne New Boy, elle répondait mieux aux attentes des familles musulmanes et a vite conquis les pays du Golfe.
« Il ne s’agit pas seulement de mettre un hijab à une poupée Barbie, vous devez créer un personnage auquel les parents et les enfants pourront s’identifier. Elle (Fulla) est honnête, aimante, prévenante et elle respecte son père et sa mère », expliquait au New-York Times, Fawaz Abidin, manager de la firme en 2005.
La « Barbie musulmane », commercialisée en 2018
Il aura donc fallu attendre 2017 pour qu’officiellement, une Barbie musulmane portant un hijab voit le jour. Car officieusement il y a quelques mois, aux Etats-Unis, une maman avait lancé l’initiative « Hello Hijab », en confectionnant des hijabs aux Barbie de sa fille. Pour elle, il était important que les poupées de son enfant représentent la diversité des femmes de la société.
En 2016, une Nigériane de 24 ans, Haneefah Adams, a également imaginé une « hijarbie » et expose régulièrement ses créations vestimentaires sur Instagram. Elle souhaitait à l’époque que « les petites musulmanes du monde entier se sentent mieux représentées par leur poupée préférée. »
Pour se procurer cette nouvelle Barbie, déjà l’objet de polémiques sur les réseaux sociaux, il faudra cependant attendre encore un peu. La société américaine devrait commercialiser en ligne la poupée, à partir de 2018.