L’extrême droite, emmenée par Robert Ménard, voudrait obliger les deuxièmes et troisièmes générations d’immigrés à « franciser » leurs prénoms. Une idée raciste qui serait une réécriture de l’histoire de France.
Pour la droite de la droite, s’appeler Karim, Mourad ou Salma serait un signe de refus de s’intégrer pour les Français issus de l’immigration. Qu’importe s’ils sont nés en France, ont suivi l’enseignement de l’école Républicaine et paient des impôts dans l’Hexagone. Le maire de Béziers, Robert Ménard, a même fait une proposition très sérieuse pour éviter d’avoir des prénoms arabes en France : il faut, dit-il, une « réforme de l’état civil pour obliger à la francisation des prénoms. »
« Le prénom, c’est la France »
Dans une chronique sur RTL, Eric Zemmour déclare que « le prénom, c’est la France. » Autrement dit, une Maria, un Francesco ou une Fatima seraient moins français qu’un Vincent, une Corinne ou un Eric, forcément. L’extrême droite est, depuis longtemps, favorable à la mesure proposée par Ménard. « Dans l’intérêt de l’enfant », assure-t-elle. Pour Zemmour, « la francisation des prénoms est un bon compromis entre respect de la tradition de ses pères et francisation. » Sauf que de nombreux prénoms sont d’origine germanique, turque, berbère — Zemmour est d’ailleurs un nom berbère —, scandinave ou anglo-saxonne. Ils reflètent l’histoire de la France.
A l’heure où, dans notre pays, un Mohammed a quatre fois moins de chances d’être recruté qu’un Michel, une telle proposition encourage à la division. La France est un melting-pot de cultures. S’il existe de l’islamophobie en France, à quoi bon l’alimenter ? D’autant qu’il a fallu attendre 1966 — la loi a été actée en 1981 — pour ne plus être obligé de choisir, pour ses enfants, des prénoms tirés du calendrier des saints. La loi a alors autorisé les parents à choisir des prénoms « en usage dans les différents calendriers. » L’extrême droite est nostalgique d’une époque où le choix des prénoms était imposé, où l’IVG était illégale et où la peine de mort était encore en vigueur. En bref, elle rêve d’un retour aux années 40.