Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis (EAU), de Bahreïn et d’Egypte ont affirmé ce mercredi regretter la « réponse négative » du Qatar à sa liste d’exigences pour mettre fin au boycott auquel l’émirat est soumis depuis maintenant un mois. Même s’ils n’ont pas annoncé pour l’instant de nouvelles mesures pour accroître la pression sur l’émirat, les quatre représentants n’écartent pas y avoir bientôt recours si « Doha persiste dans son attitude ». Car selon les termes employés dans le communiqué officiel du quartet réuni hier au Caire, cette « attitude » reflète « un manque de compréhension de la gravité du contexte » de la part du Qatar. Une « attitude » dont la teneur n’a été révélée ni par leur homologue qatari, Mohammed Ben Abdulrahman al-Thani, ni par ses accusateurs… Seule certitude : le Qatar a clairement souligné qu’il ne capitulerait pas devant cette « ingérence dans [leurs] affaires internes », les demandes allant de la fermeture de la chaîne d’informations Al Jazeera à l’arrêt de la construction d’une base militaire turque sur son territoire, en passant par la suppression de tout lien avec l’organisation des Frères musulmans ou un recul diplomatique avec l’Iran.
Le Qatar accroît sa production de gaz naturel
Guère étonnant alors, face à l’extravagance des exigences d’un quartet emmené par la dictature wahabite saoudienne particulièrement remontée contre la montée en puissance économique et diplomatique de ses principaux rivaux régionaux – Qatar, Iran et Turquie – qui souligne d’autant sa propre perte de vitesse dans un contexte international marqué par une chute structurelle des cours de pétrole – sa principale source de revenus – que le Qatar ait campé sur sa position à l’issue de l’ultimatum de 48 heures qu’on a tenté de lui imposer. Et l’émirat pourrait bien gagner ce bras de fer sur le plan de l’image, endossant le rôle du « bon » face aux « méchants » coalisés. Et redorer ainsi quelque peu son blason international après les soupçons ayant entouré sa victoire dans l’octroi de l’organisation de la Coupe du Monde 2022. Adel al-Khoubeir, ministre des AE saoudien, s’est ainsi montré muet sur la suite à donner à cette impasse, confiant seulement que d’autres mesures seraient étudiées « en temps et en heure » et « conformément à la législation internationale ». Seule information : le boycott politique et économique imposé au Qatar depuis le 5 juin dernier se maintiendra jusqu’à ce que leur voisin « change sa politique pour le mieux ». Après avoir déjà interrompu les relations bancaires avec l’émirat, les quatre pays pourraient faire de même avec les communications terrestres, maritimes et aériennes. Anticipant un durcissement du boycott, le Qatar a annoncé ce mardi une augmentation de 30% de sa production de gaz naturel liquide au cours des cinq prochaines années. Si Doha peut encore encaisser un boycott commercial de la part de ses voisins, elle n’a pu en revanche éviter une dégradation de sa note par certaines agences de notation de risque-pays, dont Moody’s, qui table sur une poursuite de la crise « jusqu’à 2018 ».