Les procédés industriels pour l’abattage de la viande divise les certificateurs halal et par là même, la communauté musulmane. Certains labels halal permettent les pratiques d’abattage mécanisé ou de l’électronarcose (étourdissement), d’autres pas. Les avis des savants musulmans se sont pourtant déjà penchés sur la question de la définition viande halal et ont tranché la question. Voici un petit rappel qui (re)mettrait tout le monde d’accord.
Définition viande halal : les modes d’abattage
Pour que l’abattage soit halal (licite), la bête doit être égorgée ou doit être plantée par un instrument tranchant à la base du cou. Le sang doit jaillir de cette blessure. Concernant l’égorgement, il est imposé de trancher l’œsophage et la trachée. Les veines jugulaires ne sont pas obligatoirement tranchées, mais il est recommandé de le faire, car le sang jaillit davantage en les sectionnant.
Par ailleurs, il est considéré, à l’unanimité des savants, que les balles d’un fusil font couler le sang. Il est donc licite de tuer un gibier par balle. Est considéré comme gibier les animaux domestiqués comme les camélidés, bovins, ovins, volailles qui s’enfuient et qu’on ne peut les rattraper. Il est alors permis de les tuer en leur décochant des flèches ou des balles tirées à l’aide d’un révolver, d’un fusil ou d’une mitrailleuse. Râfi Ibn Khadîj a dit : « Nous étions en voyage avec le Messager d’Allah lorsqu’un chameau s’échappa. Nous n’avions pas de chevaux alors un homme lui décha une flèche et le stoppa. Le Prophète (salut et prière sur lui) dit alors : « Ces animaux peuvent parfois devenir aussi sauvage que les bêtes sauvages. Si l’un d’eux qui agit de la sorte, agissez avec lui de cette manière » » (Al-Bukhârî et Muslim). La consommation de viandes issues d’animaux incontrôlables blessés mortellement à distance serait donc licite.
Il découle de cette argumentation qu’aucune prescription n’a été faite concernant la méthode d’abattage : l’abattage mécanisé est donc permis. Ainsi, ceux qui affirment que l’abattage mécanisé serait illicite ne s’appuient sur aucun texte prouvant le contraire. « Imaginons qu’on ait subitement envie de chasser le pigeon au fusil mitrailleur qui tire plusieurs centaines de coup à la minute, et qu’on vise une nuée de pigeons, tous les pigeons abattus seront licites, et pourtant on peut qualifier cela d’abattage mécanique. »
Dans une question posée au Comité Permanent de savoir si l’abattage mécanisé est permis, les oulémas ont répondu par la fatwa Al-Lujnah Ad-Dâ’imah. D’après cette fatwa, une seule mention d’Allah suffit pour lancer la machine qui égorgera les poulets dans une grande quantité. Ainsi, il est dit : « L’abattage effectué à l’aide de machines qui tranchent ce qui est légiféré sur les animaux dont la consommation est licite n’est pas différent de celui pratiqué en faisant usage d’un couteau. Ainsi, si on vise à sacrifier en mettant en marche la machine, quel qu’en soit le moyen, et qu’on mentionne le nom d’Allah seul à ce moment, la bête sacrifiée est licite, si le sacrificateur est musulman, juif ou chrétien, car tout ce dont on a fait jaillir le sang et sur quoi on a mentionné le Nom d’Allah est licite à la consommation, sauf ce qui a été sacrifié à l’aide d’un os ou d’un ongle. » (fatwa Al-Lujnah Ad-Dâ’imah)
La question de l’électronarcose sous le prisme de la religion
Sur le point de l’électronarcose, aucun texte précis ne vient interdire cette pratique. D’après shaykh Al-‘Uthaymin, « ce qui doit être pris en compte est le ménagement de la bête, et si l’engourdissement permet de la sacrifier en réduisant la souffrance, mais sans la tuer, cela peut être pratiqué ». La fatwa Al-Lujnah Ad-Dâ’imah et plusieurs oulémas reprennent à leur compte cette conclusion.
Le hadith de Shaddâd Ibn Aws rapporte que le Messager d’Allah (salut et prière sur lui) a dit : « Allah a écrit la bienfaisance en toute chose. Si vous tuez, faites-le de la meilleure façon, si vous sacrifiez, faites-le de la meilleure façon. Aiguisez bien la lame et ménagez la bête. » (Muslim).
L’électronarcose serait donc permise si, et seulement si, celle-ci étourdi simplement la bête : l’essentiel serait que la bête ne soit pas morte avant la saignée. L’étourdissement est donc permis car il permet de faire moins souffrir l’animal.