L’ultranationaliste proche des milieux d’extrême droite a ébranlé toute la société du Canada en attaquant une mosquée à Québec. Parmi les victimes, deux Algériens, dont l’hommage national a été à la hauteur : Khaled Belkacemi et Abdelkrim Hassane. Ils ont bénéficié des honneurs pour un triste événement, en la présence du Premier ministre du Canada Justin Trudeau. Quoi qu’il en soit, les Ahmadis, de France et d’Algérie, souhaitaient adresser ses plus grandes condoléances à l’Algérie mais également aux familles ayant perdu leurs êtres chers dans cette sordide attaque.
Que faire après, quel symbole pour quelle cause ?
Or, après la question des remords va en suivre une seconde : comment l’Algérie pourrait honorer quant à elle ses morts ? En fin de compte, ces deux Algériens morts dans une mosquée et dans un pays où le Bureau de la Liberté de Religion a été mis en place ont également laissé le combat de la liberté de religion derrière eux. Les Ahmadis en Algérie traversent une pénible période ces derniers temps. Emprisonnés sans la présence d’un avocat pour les défendre ou encore calomniés par des accusations qui n’existent pas ou qui sont infondées, ils sont eux aussi des fervents combattants de cette même liberté de religion. Ils sont également des sincères amoureux de l’Algérie et c’est dans cette même optique qu’ils se souviendront toujours, avec honneur, de leurs deux compatriotes algériens assassinés dans une mosquée.
Vers une transformation de la liberté religieuse ?
Les Ahmadis d’Algérie voulaient également faire passer un message fort : les deux Algériens sont décédés dans le pays où le Bureau pour la Liberté de Religion a été mis en place, précisément dans une mosquée Ahmadie au Canada. Alors pourquoi l’Algérie ne suivrait-elle pas cette conception de la liberté de religion qui vise à accorder à toute communauté religieuse de pratiquer librement son culte à condition de ne pas porter atteinte à l’ordre public et aux bonnes mœurs ?
L’évolution en ce sens s’avère nécessaire, sinon fondamentale. Au fond, ce n’est que si les différentes communautés religieuses coexistent pacifiquement que l’honneur de ces compatriotes algériens sera sauvegardé. Ce pas vers une liberté plus large mais pas pour autant absolue est décisif pour l’avenir de la coexistence algérienne ou à défaut le pays deviendra naturellement comme le Pakistan qui tente de cumuler les grandes libertés fondamentales et les droits de l’homme avec une vision religieuse archaïque.
Amis algériens, les Ahmadis d’Algérie et de France vous présentent toutes leurs condoléances.
*Asif Arif est avocat au Barreau de Paris, auteur et enseignant spécialiste des questions d’Islam, de terrorisme et de laïcité. Son dernier ouvrage : « France, Belgique : la diagonale terroriste », préfacé par Marc Trévidic.