Katy Perry avait confirmé sa présence pour la marche du 21 janvier prochain, en compagnie de célébrités et d’inconnus qui manifesteront en opposition à l’investiture ce jour-là de Donald Trump. Et pour marquer sa désapprobation, elle vient de produire et de diffuser sur YouTube un court film institutionnel, intitulé « Is history repeating itself? » (« L’histoire se répète-t-elle ? »). Sous le hashtag #DontNormalizaHate (« #NeBanalisezPaslaHaine »), le court métrage de moins de trois minutes établit un parallèle entre la rhétorique islamophobe du nouveau président américain et les arrestations de masse d’Américains d’origine japonaise au cours de la Seconde Guerre Mondiale.
Des citoyens américains internés dans leur propre pays
Le film présente l’histoire d’une Américaine de 89 ans, Haru Kuromiya, native de Riverside en Californie, dont la jeunesse a été marquée par l’expulsion du logement et l’arrestation de sa famille ordonnée par le gouvernement américain, un épisode peu glorieux de l’histoire du pays. « Toute ma famille a été inscrite sur un registre », se rappelle-t-elle, avant qu’un message n’enchaîne : « Nos droits constitutionnels nous ont été retirés ». Comme la famille de Haru, quelque 120 000 Américains d’origine japonaise ont été sommés de quitter leur maison, leurs biens et leurs affaires pour être parqués dans des « centres de rassemblement » – des écuries immondes – avant d’être transférés dans des camps d’internement situés sur tout le territoire. Des citoyens américains ont ainsi été séquestrés dans conditions inhumaines et dégradantes.
La chanteuse aux plus de 95 millions de followers sur Twitter – la personne la plus suivie sur ce réseau social – a chargé la réalisatrice Aya Tanimura, à la double origine japonaise et australienne, de réaliser ce « message d’intérêt public ». Pour incarner l’unique personnage de son film, elle a choisi Hina Khan, une actrice de Los Angeles aux origines pakistanaises… car Haru, la mamie aux traits japonais, est en fait une Américaine musulmane qui ôte son masque en fin de film. « Engager une actrice musulmane était une condition non négociable », explique Aya Tanimura au Los Angeles Times. « Trump a instauré une atmosphère de peur pour les Musulmans des Etats-Unis », poursuit-elle. « Les gens se sentent plus libres maintenant d’être racistes (…), c’est devenu un comportement acceptable. » Et elle tient bien sûr à remercier Katy Perry pour avoir permis de concrétiser et d’appuyer ce projet. « Katy a toujours été du côté des laissés-pour-compte, des minorités, elle est devenue de plus en plus impliquée politiquement ». Et de conclure : « Si nous pouvons sensibiliser – ne serait-ce qu’une seule personne – sur les horreurs du passé qui pourraient être répétées, nous aurons accompli notre mission ».