Une association de protection animale vient d’être déboutée, alors qu’elle estimait que la viande halal ne pouvait être certifiée bio. La plainte de l’association ne repose sur aucune preuve scientifique.
C’est une décision qui devrait faire jurisprudence. Une association œuvrant à l’assistance des animaux dans les abattoirs, l’OABA, attaquait en justice les organismes de certification « AB », contre l’avis du ministère de l’Agriculture. La raison de la discorde ? Selon l’association, la certification « AB » — pour « Agriculture biologiques » — n’est pas compatible avec les pratiques de la viande halal. Le tribunal administratif a donné raison aux organismes de certification, selon L’Humanité.
Une question de bien-être animal
Malgré la véritable question posée par l’OABA — celle de la souffrance animale —, force est de constater qu’une fois encore, c’est le terme « halal » qui a posé problème, là où on aurait dû parler d’abattage rituel — halal et casher —. Les dérogations de l’Union européenne concernant la possibilité de faire de l’abattage sans étourdissement s’applique à ces deux pratiques et il est assez étonnant que seul le halal soit pointé du doigt, façon Giesbert ou Bardot. Mais rappelons qu’en 2010, Jean-Pierre Kieffer, président de l’OABA, et Henri de Lesquen, patron de Radio Courtoisie, donnaient une conférence conjointe sur le sujet. C’est dire l’objectivité de l’association.
Au-delà de la simple question de rhétorique, la plainte de l’OABA concernait les méthodes d’abattage. L’association estimait qu’autoriser a commercialisation sous le label « AB » de viande provenant d’animaux égorgés sans étourdissement était contraire au règlement européen. Autrement dit, l’abattage rituel serait moins respectueux du bien-être animal que l’abattage classique. C’est une question que n’importe quel citoyen peut se poser. Sauf que, jusqu’à maintenant, les scientifiques n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la véracité de ce postulat. Joe Regenstein, par exemple, estime l’abattage rituel comme plus respectueux de l’animal. D’autant que l’assommage d’un bœuf, par exemple, correspond à « défoncer la boite crânienne » de l’animal, explique le CFCM. Pas sûr, donc, que l’assommage soit plus éthique.
La maltraitance peut toucher tous les abattoirs, même non halal
Par ailleurs, les sacrificateurs sont formés sous la tutelle de la Direction des services vétérinaires (DSV) et d’une personne de la protection animale. Un arrêté du ministère de l’Agriculture datant de 2012 prévoit l’obligation, pour un sacrificateur, de « détenir un certificat de compétence permettant de s’assurer qu’il possède le niveau minimum de savoir technique et de conscience de la bientraitance animale requis pour le poste de travail qu’il occupe. » Autrement dit, l’abattage rituel n’a pas le monopole de la maltraitance animale. L’association OABA a décidé de porter l’affaire devant la Cour administrative d’appel de Versailles et auprès de la Cour de justice européenne.