Hier, le Printemps républicain est né. Derrière les belles paroles écrites dans son manifeste, ce mouvement ne semble être rien de plus qu’un repère des opposants à la loi de 1905 telle qu’elle a été conçue.
Le Printemps républicain, qui inaugurait son mouvement ce dimanche 20 mars, aura finalement eu des relents de Printemps antimusulmans. Car finalement, de République, il aura été très peu question. Les discussions ont tourné autour de la laïcité — celle défendue par Elisabeth Badinter —, du voile et, plus globalement, de l’Islam. Il faut dire que l’on s’attendait, au regard des journaux partenaires de ce mouvement — Marianne et Causeur — et des initiateurs du projet — Amine El Khatmi en tête —, à de tels débats.
L’obsession du voile et de la barbe
Certes, a tenté de se dédouaner Frédérique Calandra, maire PS du 20e arrondissement de Paris, le Printemps républicain « n’est pas une secte, pas une Eglise de la laïcité, pas là pour aller arracher des niqabs ou brûler des églises. » La socialiste l’assure : « On ne lance aucune croisade, nous. » A quelques exceptions près. « Interdisons la présence de mères voilées dans les sorties scolaires. Je ne veux pas que les enfants s’habituent au voile », lance Fatiha Boudjahlat, secrétaire nationale du Mouvement républicain. Un chauffeur de bus continue : « Dans le nord de Paris, il y a un ligne de bus où il est difficile de rentrer si on n’est pas barbu. » Le mouvement a tenté de nuancer ces propos ce matin. Trop tard.
Car ce matin, le Printemps républicain est la cible des réseaux sociaux. Les petites phrases ont fait mouche. L’invitation de Samuel Mayol est apparue comme une façon d’innocenter ce directeur de l’IUT de Saint-Denis, qui aurait introduit des tapis de prière dans les locaux d’une association pour la dénoncer ensuite. L’intervention d’Amine El Khatmi faisait, elle, figure d’appel du 18 juin. « J’ai été attaqué pour avoir rappelé ce qui me semblait l’évidence : je ne reconnais dans la sphère publique que la loi commune », a déclaré l’élu d’Avignon, qui estime qu’une élue ne peut pas être voilée dans un conseil municipal alors que la « loi commune » l’y autorise.
La religion ? Dans la sphère privée
« En tant que musulman pratiquant je réserve la pratique de ma foi à la sphère privée, dans la sphère publique et politique, je ne reconnais que la République », a-t-il précisé. Preuve une nouvelle fois que ce Printemps républicain n’a qu’un seul objectif : neutraliser la religion dans l’espace public. Et pour se conforter dans leur positionnement, il fallait bien ajouter une dose de victimisation : « Nous n’accepterons plus d’être traité de laïcards intégristes, les intégristes, ce sont ceux qui ont tué », ajoute El Khatmi, quand Patrick Kessel, président du Comité Laïcité République, dénonce les « méthodes dignes des procès de Moscou. » Puisqu’on vous dit que, cette année, le printemps aura un peu de retard…