« Les discours de haine n’ont aucune place sur Facebook et dans notre communauté… jusqu’à récemment en Allemagne, je ne pense pas que nous faisions un travail suffisant, et je pense que nous devrons continuer à faire de mieux en mieux. » Lorsque Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, a rencontré la chancelière allemande Angela Merkel, il n’a pas hésité à faire son mea culpa. Depuis que l’Allemagne a décidé d’accueillir des réfugiés, en majeure partie musulmans, les messages anti-Islam et xénophobes ont enregistré un regain important sur Facebook mais également sur tous les autres réseaux sociaux. Récemment, une étude de Middle East Eye a montré que « l’islamophobie sur Facebook est bien plus répandue que l’on ne le pensait auparavant », attisant ainsi « la haine religieuse et raciale. » Le docteur Imran Awan, professeur associé de criminologie et expert des questions liées à l’islamophobie, la haine sur internet, la sécurité et la lutte contre le terrorisme, a effectué une recherche sur cent pages, publications et commentaires Facebook. Il a, dit-il, « recensé 494 cas de discours de haine contre des communautés musulmanes. »
Bientôt une mesure similaire en France ?
Contre ces pratiques de plus en plus banalisées, le gouvernement allemand a décidé de réagir. Dans la ligne de mire des autorités outre-Rhin : les géants de l’internet, qui pourraient bien écoper d’amendes pouvant atteindre les 50 millions d’euros. Le Conseil des ministres allemand vient en effet de faire passer un projet de loi inédit en Europe. Désormais, « les publications manifestement délictueuses doivent être effacées ou bloquées dans les 24 heures suivant leur signalement, les autres contenus délictueux doivent être effacés ou bloqués dans les sept jours suivant leur signalement », prévient le gouvernement allemand, qui assure que les messages xénophobes ou islamophobes sur les réseaux sociaux représentent « une grande menace pour la coexistence pacifique dans une société libre, ouverte et démocratique. » Et les Allemands de mettre les géants de l’internet face à leurs responsabilités. Angela Merkel espère que d’autres pays européens lanceront cette mesure chez eux. Plus de 700 personnes seront embauchées pour traquer les commentaires délictueux.