Le service indépendant belge de lutte contre les discriminations Unia a constaté une recrudescence des plaintes liées « aux convictions religieuses ou philosophiques ». Plus globalement, l’organisme public indique avoir reçu, en 2016, « un total de 5 619 signalements ayant abouti à la constitution de 1 907 dossiers individuels pour une potentielle discrimination, des messages ou des délits de haine ». Soit une augmentation de 20 % par rapport à 2015 et de 30 % par rapport à 2010. Est-ce que cela signifie que la Belgique est de plus en plus discriminante ? Pour Patrick Charlier, directeur d’Unia, ces chiffres donnent en tout cas « une photographie de l’état de notre société ». Mais, tempère-t-il, cela prouve aussi que le service Unia est plus connu qu’à l’époque. « Si on ne peut pas conclure à une société plus discriminante, nous pouvons considérer que les citoyens ont été plus conscients des discriminations et se sont montrés plus enclins à la dénoncer », estime Patrick Charlier.
Changer les mentalités et les discours
Cependant, Unia veut pointer du doigt en Belgique « des problématiques particulières ». Notamment une hausse significative — près de 50 % par rapport à l’année précédente — des plaintes pour discriminations à l’embauche ou dans le domaine de l’emploi. « Les critères dits ‘raciaux’ sont les plus représentés et en augmentation », déplore l’organisme, juste devant les critères en raison de handicap ou de convictions religieuses. Des discriminations également remarquées dans le logement ou les transports. Faut-il sévir ? Oui, estime Unia, qui veut cependant travailler sur la pédagogie. « Plutôt que de poursuivre, de réparer, de sanctionner voire de punir, il faut d’abord s’attacher à un changement de mentalités, de discours, de pratiques », explique-t-on au sein de ce service de lutte contre les discriminations. Il faut aussi, dit-on, « avoir le courage de s’interroger sur les mécanismes structurels, et souvent inconscients, qui tendent à reproduire les inégalités ».