Le Dalaï Lama, leader spirituel du bouddhisme, a exhorté la présidente de la Birmanie à « réduire les écarts » entre les communautés bouddhistes et musulmanes du pays, où les droits de la minorité musulmane Rohingya sont violemment réprimés.
Alors qu’il était interviewé mardi lors d’une conférence à Prague, en République tchèque, organisée sur le thème « Le monde et ses défis actuels », le leader spirituel des bouddhistes, le Dalaï Lama, a saisi l’occasion pour revenir sur la situation extrêmement préoccupante des Rohingya en Birmanie. Il a notamment enjoint la présidente birmane, Aung San Suu Kyi – lauréate, comme lui, du prix Nobel de la Paix – à redoubler d’efforts pour « réduire les écarts » entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane du pays.
« Maintenant, elle a l’occasion de travailler », a souligné le religieux tibétain. « Et je pense qu’elle devrait payer davantage attention à la réduction des écarts entre la communauté bouddhiste et la communauté musulmane », a-t-il poursuivi. Et comme moyen de parvenir à ce résultat, le Dalaï Lama lui conseille une voie toute personnelle : faire preuve de « paix intérieure ». « Si nous pouvons développer la paix intérieure, nous pourrons construire un monde de paix », a affirmé le leader octogénaire. « Ce que nous réclamons, c’est une approche universelle des valeurs humaines qui peut être entendue par tout un chacun. Il y a des motifs d’optimisme », a-t-il tenu à souligner.
La stratégie de la « paix intérieure »
De l’optimisme, il en faut certainement une « sacrée » dose pour imaginer que la situation actuelle en Birmanie et précisément, à l’Etat Rakhine – où vit la plupart des membres de la minorité Rohingya – puisse évoluer vers le respect et la paix inter-communautaires. Des actes de répression violents à l’encontre de la minorité musulmane Rohingya éclatent régulièrement depuis plusieurs années, provoquant la mort ou le déplacement de quelque 140 000 personnes. Avec l’assentiment silencieux de l’Etat birman, qui considère par ailleurs les Rohingya comme des « bengalis », une sorte de sous-caste.
Et dernièrement, des attaques contre des avant-postes de police menées par des militants de la minorité musulmane ont déclenché une véritable chasse à l’homme de la part des forces de sécurité birmanes et conduit à un nouveau flux de déplacés. Le Dalaï Lama a toutefois averti qu’il fallait absolument dissocier terrorisme et religion, affirmant que « les extrémistes n’ont pas de religion ».