Le 11 juillet 1995, en pleine guerre de Yougoslavie, 8 372 hommes et adolescents musulmans de Bosnie sont massacrés en quelques jours par des unités de l’armée de la République serbe de Bosnie, sous le commandement du général Ratko Mladic – surnommé le « boucher des Balkans » – dans l’enclave de Srebrenica. Deux ans auparavant pourtant, Srebrenica est décrétée « zone protégée » par le Conseil de sécurité de l’ONU. Il y a quelques jours, un convoi de 71 cercueils est parti de la région de Sarajevo, où les dépouilles ont été préparées pour l’inhumation, en direction de Srebrenica, tandis que 233 autres seront enterrés ailleurs, selon l’Institut bosnien pour les disparus. Ce qui va permettre à certaines familles de pouvoir enfin faire leur deuil. Mais d’autres n’auront pas pu enterrer dignement leurs proches : en effet, encore un millier de personnes restent non identifiées ou disparues.
22 ans plus tard, des tensions toujours palpables
Des tensions entre les communautés bosniaques et serbes accompagnent chaque année cette commémoration. Cette année, Munira Subasic, présidente de l’association des mères de Srebrenica, a vu sa voiture essuyer des jets de pierres. Comble de l’infamie, une manifestation pro-Ratko Mladic, le « boucher », pourtant accusé de génocide par le Tribunal pénal international pour l’Ex-Yougoslavie (TPIY), a eu lieu en même temps que les commémorations à Banja Luka, la capitale de l’entité serbe de Bosnie. Le nouveau maire de Srebrenica, le premier Serbe élu à la tête de la ville depuis la guerre, n’était pas le bienvenu au mémorial de Potocari. Damir Pestanic, l’imam principal de la ville explique que « le problème, ce n’est pas qu’il est serbe, mais qu’il ne reconnaît pas qu’il y a eu un génocide. »