Si le film « Le Jeune Imam » a fait de bons débuts au cinéma, il est aujourd’hui boycotté par les gros médias, estiment les comédiens du long-métrage.
Le film est tiré de faits réels, il est l’un des premiers qui met à l’affiche des personnages musulmans sans pour autant véhiculer des clichés. Sans doute parce qu’il n’assimile pas l’islam au terrorisme, le film fait cependant une promotion médiatique très timide, tout autant qu’un démarrage fracassant avec 25 000 entrées le premier jour. Mais les comédiens du film sont peu apparus à la télévision, certaines salles ne veulent pas du long-métrage de Kim Chapiron et les festivals boycottent « Le Jeune Imam », à l’exception de quelques rares événements.
Les médias évitent de faire la promotion du film
Une partie de l’équipe du film a cependant été invitée dans « TPMP », l’émission de Cyril Hanouna. Pour rappeler d’abord, comme l’indique Abdulah Sissoko, acteur principal du film, que ce film « est une histoire d’amour ».
Nabil Akrouti explique qu’il s’agissait de « montrer les musulmans de tous les jours, ce qui se passe dans les quartiers tous les jours ». Le comédien raconte que l’équipe n’a « pas voulu faire un film prosélyte ou à charge ». Et c’est peut-être là que le bât blesse. Si l’acteur assure « avoir réussi », il se doutait certainement que montrer les musulmans dans la vie de tous les jours ne fait pas vendre, notamment dans les médias qui cherchent du sensationnel.
Les propos des chroniqueurs de « TPMP » montrent d’ailleurs à quel point il est aujourd’hui difficile de parler des musulmans en France sans tombe dans la caricature. Comme lorsque Gilles Verdez, qui veut pourtant bien faire, explique que les musulmans « sont bien intégrés dans la société française ». Une phrase qui montre ce que les médias véhiculent comme message sur l’islam en France. Même la bienveillance est teintée d’une certaine islamophobie…
Des financements réduits
Nabil Akrouti déplore également le manque d’aides, qui ont conduit l’équipe à devoir travailler bénévolement pour faire la promotion au moment de la sortie. « Les institutions veulent contrôler ce qui se dit sur l’islam dans les médias », résume un observateur du 7e Art. Effectivement, le cercle est assez vicieux : un film qui va cartonner malgré de faibles financements et une promotion uniquement dans la presse écrite… L’équipe du « Le Jeune Imam » risque de devoir se débrouiller seule pour faire vivre le film.
Akrouti y voit un « boycott » médiatique. Notamment à cause du titre du film… « Quand on parle d’un islam apaisé, ça choque quand même », poursuit Verdez qui estime que le film ne bénéficie pas du nombre de salles de projection qu’il mérite. Le comédien surenchérit en indiquant que les salles ont « refusé de faire des avant-premières débats ».
Pour Nabil Akrouti, le titre fait même faire « un pas de recul » aux musulmans. De quoi donner un écho tout particulier à la phrase de Rachid Benzine : « On se rend compte que les musulmans sont des Français comme les autres ».