Le journal d’Etat chinois Global Times en a fait l’un de ses titres à la une de son édition de ce 23 novembre. Dans un souci de « maintien de l’ordre public », les autorités du pays réclament des habitants du Xinjiang de leur retourner leur passeport. Cette région autonome du nord-ouest de la Chine, peuplée par plus de 10 millions de musulmans ouïgours, est régulièrement la cible de mesures répressives à l’encontre de cette communauté religieuse, sous le prétexte officiel qu’elle y abrite des terroristes.
Une communauté ulcérée
La confiscation des passeports est la dernière trouvaille des autorités chinoises dans son entreprise de harcèlement de la minorité religieuse ouïgoure, après avoir bloqué les services de téléphonie mobile dans le Xinjiang. L’ultime mesure intervient en rétorsion de la sortie de nombreux Ouïgours du territoire chinois à l’aide de faux passeports depuis le début de l’année, fuyant la persécution. Rien qu’à Shihezi, la ville-préfecture du Xinjiang, près de 50 000 passeports seront confisqués, selon les déclarations de Sheng Qian, un des responsables de l’administration centrale, chargé du contrôle des flux d’entrées et de sorties de la région.
Malgré les possibles représailles, les habitants du Xinjiang ont manifesté leur exaspération et leur colère sur les réseaux sociaux. Sous le hashtag #XinjiangPassportsHandIn sur le Twitter chinois, Weibo, les commentaires sont amers. « Je n’aime plus le Xinjiang même si j’y suis née et que j’y ai été élevée », écrit une Ouïgoure de Shihezi le 25 octobre, avant l’annonce de la confiscation. « J’espère obtenir mon hokou (un document officiel faisant office de carte d’identité pour les habitants du Xinjiang, ndlr) pour partir et ne plus jamais revenir. » Le 18 novembre, elle commente la décision en ces termes : « Sans passeports, je ne peux qu’emmener mes parents à Sanya [au sud de la Chine]. Je maudis ces types qui ont pris cette décision. »