En juin 2015, une médecin remplaçante en Isère avait refusé de prescrire des médicaments à une patiente voilée, arguant de « l’ostentation » et de « l’illégalité » du vêtement religieux. Le Conseil régional de l’Ordre s’est réuni ce samedi pour statuer sur l’affaire.
Blâme, avertissement, interdiction temporaire d’exercer ou radiation ? C’est l’une de ces sentences que le Conseil régional de l’Ordre des Médecins de Rhône-Alpes sera amené à sélectionner dans un mois. Réuni samedi, il devait en effet statuer sur le cas d’une consoeur qui a refusé, il y a un peu plus d’un an, de soigner une femme voilée à son cabinet.
Rappel des faits. Un cabinet médical, en Isère, un jour de juin 2015. Le titulaire des lieux est en congé, une collègue médecin assure son remplacement. Une patiente, Myriam, une femme voilée et mère de quatre enfants, est introduite dans la salle d’examen, lequel se déroule sans encombre. Arrive le moment de la prescription. Myriam indique à la médecin qu’elle est allergique au médicament qu’elle lui a prescrit. Le ton monte entre les deux femmes, et l’énervement de la professionnelle se traduit par des gestes et des mots déplacés. « La médecin se lève, déchire l’ordonnance, et me dit « de toute façon, je n’aime pas les femmes voilées, je n’aime pas les musulmans, vous sortez' », a rapporté la patiente, interrogée par BFMTV.
Une atteinte à la déontologie médicale
Demandant à la praticienne de filmer la fin de la consultation, la patiente obtient son accord. Et enregistre les justifications avancées. « Je maintiens que j’ai dit que je ne voulais pas de femme voilée », déclare clairement la médecin, « parce que c’est un signe ostentatoire religieux, c’est illégal ». Dès le lendemain, Myriam dépose une plainte mais l’affaire sera classée sans suite. Pourtant, l’article 7 de la charte déontologique médicale est sans équivoque. « Le médecin doit écouter, examiner, conseiller et soigner avec la même conscience toutes les personnes quelles que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminées ».
La médecin, de son côté, adresse une lettre à ses collègues de l’Ordre où elle leur précise qu’au cours de la consultation, « la patiente avait une attitude extrêmement agressive, me toisant avec des yeux plein de haine ». Le recours judiciaire ayant avorté, c’est donc devant la chambre disciplinaire du Conseil régional de l’Ordre que les deux femmes ont été entendues samedi. Verdict le mois prochain.