Le terme halal englobe non seulement la nourriture halal mais également plusieurs pans de l’économie. La finance islamique, à l’instar du tourisme halal ou de la cosmétique et de l’hygiène, pèse de plus en plus sur l’économie mondiale. Ainsi, la finance islamique pèserait entre 400 et 500 milliards d’euros à travers le monde. Pour rappel, l’économie halal dans sa globalité pèsera 2.47 billions de dollars d’ici 2018.
La finance islamique halal : définitions
L’objectif de la finance islamique est de permettre le financement de projets ou l’investissement d’un capital en accord avec les principes de la Charia, la loi islamique. Selon les préceptes du Coran et de la Sunna, l’intérêt, la spéculation et l’investissement dans des activités illicites (alcool, tabac, paris, pornographie…) sont formellement interdits.
Pour financer ses projets, un musulman peut recourir à différents mécanismes de la finance islamique halal. Ainsi, il pourra souscrire un contrat Murabaha, Ijara ou Istisna. Pour investir et faire fructifier son capital, le fidèle pourra souscrire des Sukuk. Quant à l’épargne, des comptes de dépôts non rémunérés seront à sa disponibilité (l’épargne classique avec un taux d’intérêt rémunérateur étant prohibée). L’assurance est également un produit présent dans la finance islamique ; elle est appelée Takaful.
L’investissement via les Sukuk
Un Sukuk est l’équivalent d’une obligation classique, comparable aux Asset Back Securities. C’est un titre de reconnaissance de dette dont le rendement et le capital sont établis en fonction de la performance d’un actif détenu par l’émetteur et mis à contribution pour le paiement de la rémunération et au remboursement du Sukuk. C’est un moyen détourné de contourner le principe de l’intérêt.
Les Sukuk sont très prisés par les investisseurs du Moyen-Orient qui voient là une façon de diversifier leur portefeuille sans pour autant risquer de tomber dans l’illicite des produits financiers occidentaux.
Une tendance émergeante de ces dernières années est l’émission de Sukuk par des pays musulmans. Ce fut le cas du Sénégal, du Nigéria, de l’Afrique du Sud. Même l’Angleterre a émis un Sukuk d’une valeur de 250 millions d’euros en juin 2014 afin d’attirer les riches investisseurs saoudiens, qataris ou émiratis.
Financer un projet via les produits financiers islamiques
Que ce soit pour acheter un bien ou financer la construction d’une maison, plusieurs solutions sont à la disponibilité des musulmans. Le plus utilisé est le contrat Murabaha, imitant un contrat de vente à terme. Il permet à une banque d’acheter un bien puis de le revendre au consommateur final, moyennant une commission. C’est cette commission qui tient lieu d’intérêts. Le contrat Ijara est apparenté à un contrat de location avec option d’achat. Là encore, la banque joue le rôle d’intermédiaire en achetant le bien puis le louant au consommateur. A la fin de la période de location, la propriété du bien est transférée à l’acheteur. L’avantage de cette formule est que l’acheteur n’a pas besoin de fournir de provision en début de contrat.
L’Istisna est un contrat permettant la construction d’un bien immobilier. Comme les deux contrats précédents, le bien est la propriété de l’investisseur – la banque – jusqu’au terme du contrat. Par extension, l’Istisna peut également financer les besoins en financement pour la fabrication, la construction ou la fourniture de produits finis.
Takaful : l’assurance halal
Les assurances classiques sont par essence illicites : elles se basent sur l’incertain et les capitaux sont placés dans des produits financiers intangibles et producteurs d’intérêts. Pour être en accord avec les préceptes musulmans, les assureurs ont développé l’assurance Takaful. Celle-ci permet la mise en commun des fonds selon le principe de l’assistance mutuelle. Dans ce système, les membres sont à la fois assureurs et assurés.
De nombreux pays sont en train de mettre en place un système législatif permettant le Takaful. C’est par exemple le cas du Kenya ou du Maroc qui suit l’exemple tunisien.
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Crédit photo : Tax Credits (CC BY)