Une étude de la Commission nationale consultative des droits de l’homme montre que les Français sont plus tolérants que ces dernières années. Des chiffres étonnants…
C’est une équation étonnante, dont les résultats ferait pâlir n’importe quel mathématicien : en 2015, les actes islamophobes ont grimpé en flèche en France. Mais selon un rapport de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), « les Français n’ont jamais été aussi tolérants et prêts à penser leur pays comme multiculturel. » Le CNCDH appelle cela « l’indice longitudinal de tolérance. » Et en 2015, cet indice est au plus haut. « Après quatre années d’affilée de baisse, suivie d’une stabilisation, l’indice longitudinal de tolérance en France marque en 2015 une nette progression vers plus de tolérance, après avoir pris ce chemin plus discrètement en 2014 déjà », explique la présidente de la Commission, Christine Lazerges.
Les actes islamophobes et la tolérance ne seraient pas liés
Etonnant lorsque l’on connaît les scores du Front national aux dernières élections ou lorsqu’on lit le sondage publié il y a quelques jours par le Figaro, qui montre que les Français trouvent que les musulmans prennent trop de place. Alors, à quoi correspond cet « indice longitudinal de tolérance » ? Il s’agit d’une analyse de plusieurs questions du sociologue Vincent Tiberj qui ont « pour objectif de mesurer de manière synthétique et rigoureuse les évolutions de l’opinion publique à l’égard de la diversité avec une mesure comparable dans le temps depuis 1990. » C’est, en quelque sorte, le baromètre du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie, résume la CNCDH. Pour l’islamophobie, on repassera donc !
Si les résultats de ce rapport semblent en inadéquation avec les actes racistes et islamophobes qui se produisent régulièrement en France, le CNCDH a une explication : selon Le Monde, « les ressorts qui conduisent à une montée de la tolérance et ceux qui poussent à des actes racistes sont totalement différents. » Il n’y aurait donc aucune contradiction. « En créant un choc émotionnel, les attentats ont permis un réexamen critique de notre approche du monde », résume la directrice de recherche émérite au Centre d’études européennes de Sciences Po, Nonna Mayer. Et alors que les actes antimusulmans se sont multipliés, les Français ont montré leur envie de vivre-ensemble. 63 % des Français affirment d’ailleurs qu’il faut lutter « contre les préjugés envers les musulmans. »