Malgré un marché évalué aujourd’hui à 50 milliards d’euros, les acteurs européens ont encore du mal à s’organiser et à s’accorder sur une norme halal commune.
La population musulmane en Europe est estimée à 16 millions d’individus. Le tiers de cette population réside en France (6 millions), suivis par l’Allemagne (3 millions), l’Espagne (2 millions) et l’Italie et les Pays-Bas (1 million chacun).
Selon un rapport publié par Gatestone Institute en 2011, le marché halal en Europe représente 50 milliards d’euros et devrait être porté à 65 milliards d’euros d’ici à 2020. Par ailleurs, 17% des citadins des grandes villes européennes comme Paris ou Berlin consomment halal. D’autre part, d’après une étude menée par Pew Research Center en 2011, la proportion des musulmans en Europe devrait passer de 6 à 8% en 2030.
Attirés par cette manne inespérée, certains pays qui ne comptent qu’une communauté réduite de musulmans se sont lancés dans la course au halal. Ainsi, à titre d’exemple, la Pologne s’est engouffrée dans la brèche et s’est mise à exporter de la viande halal. Bénéfice pour les entreprises polonaises : 200 millions d’euros de chiffre d’affaires !
Halal en Europe : chacun campe sur ses positions
Actuellement la règlementation européenne en matière d’abattage est fixée par la directive européenne N°93/119 du 22 décembre 1993. Celle-ci impose l’étourdissement des animaux avant leur abattage. Toutefois, dans le cadre de l’abattage halal, des dérogations sont autorisées au cas par cas, selon le pays. Mais ces dérogations ne sont pas délivrées partout en Europe. Ainsi la Grèce, la Suisse, le Luxembourg, la Suède, la Norvège et récemment le Danemark interdisent l’abattage halal sans étourdissement. A contrario, en France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas autorisent l’abattage sans étourdissement préalable.
Afin d’obtenir une norme européenne appliquée partout et par tous, une institution créée par la Commission européenne, le Dialrel, a été mise en place de 2006 à 2010 afin de lancer un dialogue entre les différentes parties prenantes de l’abattage rituel. Toutefois, les travaux de cette institution n’ont pas trouvé écho auprès de la Commission européenne. Ceci est une bonne nouvelle pour les certificateurs les plus rigoristes. La majorité de ces certificateurs représente des agences de contrôle permanents, pour qui l’abattage sans étourdissement est une condition sine qua none. Si une telle norme était mise en place, ces certificateurs n’auraient plus qu’à mettre la clé sous la porte !
Malgré l’augmentation du nombre de musulmans et du chiffre d’affaires que représente le halal en Europe, il est fort à parier que les normes et les pratiques ne changeront guère, laissant libre court à la confusion entretenue par les différents certificateurs et les industriels de l’agroalimentaire.
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