Le Bas-Rhin, le Haut-Rhin et la Moselle sont aujourd’hui des départements un peu à part en France. Plus particulièrement en ce qui concerne la loi de 1905, qui prévoit la séparation des Eglises et de l’Etat en France. Car dans ce petit coin de France, le Concordat fait que l’Alsace et la Moselle reconnaissent et organisent les cultes catholique, luthérien, réformé et israélite. Mais pas musulman. Alors, quand on sait que l’enseignement religieux est possible dans ces trois départements, on se demande légitimement s’il ne faudrait pas ajouter à ces enseignements celui de l’Islam. C’est en tout cas l’avis de Bruno Studer, élu député La République en Marche du Bas-Rhin à Strasbourg. Professeur d’histoire-géographie, Bruno Studer estime en effet que l’enseignement — facultatif — des cultes catholique, protestant et juif n’est plus suffisant lorsqu’on sait qu’il y a aujourd’hui entre 150 000 et 200 000 musulmans en Alsace-Moselle.
L’Islam non reconnu par le Concordat d’Alsace-Moselle
Cette proposition risque de faire naître une polémique. Pourtant, il est effectivement indispensable de se pencher sur cette question. En Alsace-Moselle, même si les cours d’enseignement religieux sont en théorie obligatoires dans le primaire et le secondaire, dans la pratique, ils sont facultatifs puisque les familles peuvent demander des dispenses pour leurs enfants. Malgré tout, près d’un collégien sur trois et un lycéen sur sept suivent régulièrement ces cours. Il serait donc logique que l’Islam fasse partie des enseignements proposés. Mais cela demanderait une modification du Concordat qui découlerait alors sur d’autres décisions : les ministres des cultes reconnus sont par exemple salariés de l’Etat, or, l’Islam n’étant pas reconnu, modifier le Concordat permettrait d’offrir le même statut aux imams. A moins qu’une tentative de discussion du Concordat amène tout simplement à… sa suppression. En tout cas, le député LREM de Strasbourg semble vouloir ouvrir le débat.