« Un bureau, ce n’est pas un lieu de culte ! » C’est en ces termes que le Secrétaire général de Force Ouvrière – troisième syndicat du pays derrière la CGT et la CFDT – s’est exprimé en faveur de la décision controversée prise par la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) mardi dernier, par laquelle « une règle interne d’une entreprise interdisant le port visible de tout signe politique, philosophique ou religieux ne constitue pas une discrimination directe ». Commentant la décision, le syndicaliste estime que la libre expression des croyances religieuses ne devraient « pas s’appliquer sur le lieu de travail ». Pour le successeur de Marc Blondel à la tête de FO, cet arrêt attendu pourra aider à « mettre en lumière » le rôle et la place de la religion au travail et, surtout, offrir une marge de manoeuvre aux entreprises dans le traitement des conflits liés à la pratique religieuse. « Je ne trouve pas la décision des juges choquante », poursuit-il. « Les gens vont au travail pour travailler, la religion et la politique devraient être tenues à l’écart du lieu de travail. »
Non à la « clause Molière »
Des signes religieux au travail à l’utilisation du français dans les chantiers financés par l’argent public, la transition a été vite franchie par celui qui conserve les rênes de FO depuis maintenant treize ans. La « clause Molière », comme elle a été surnommée, a été rendue obligatoire la semaine dernière dans le but de faciliter l’obtention d’appels d’offres publics aux PME françaises. Bref, d’activer une clause de préférence nationale a priori illégale. Et, ce faisant, elle contribuerait à contrecarrer l’emploi d’une main-d’oeuvre étrangère souvent surexploitée, faiblement rémunérée et illégale. Sur ce point, Mailly, fils, neveu et arrière-petit-fils de militants FO, condamne fermement cette mesure qu’il considère « politiquement orientée », et enjoint les autorités parisiennes, à l’origine de la clause, à « se focaliser à la place sur l’amélioration des conditions de travail des travailleurs » du secteur.