Plusieurs athlètes voilées participeront aux JO de Rio à partir de ce soir. Le CIO n’a jamais statué sur cette question, même si sa charte interdit toute démonstration religieuse.
Faut-il laisse concourir les athlètes voilées ? Voilà une des questions qui a agité la période précédant les Jeux olympiques de Rio qui s’ouvrent ce vendredi. Car, à ce sujet, la position du Comité international olympique (CIO) n’est toujours pas claire. En effet, la charte olympique interdit toute « démonstration ou propagande politique, religieuse ou raciale dans un lieu, site ou autre emplacement olympique. » Malgré cet article 50-2 de la charte du CIO, plusieurs athlètes voilées participeront aux Jeux 2016, comme l’Américaine Ibtihaj Muhammad, qui veut montrer qu’il est « possible à la fois de porter le hijab et de participer à des compétitions sportives. » Quatre Saoudiennes participent également aux Olympiades de Rio, voilées évidemment.
Le CIO laisse les fédérations choisir
Une information qui ne passe pas, du côté de la Ligue du droit International des femmes (LDIF), qui explique que l’Arabe saoudite, mais aussi le Qatar, le Brunei ou encore l’Iran « bafouent les principes et les règles inscrits dans la charte olympique à laquelle ils ont pourtant souscrit. » La LDIF demande : « Quel crédit donner au CIO et aux fédérations internationales, qui plient face à des exigences n’ayant rien à voir avec le sport et qui briment les femmes ? » Ajoutant : « Ce faisant, ils trahissent les athlètes musulmanes qui ont couru bras et jambes découverts. » Mais le CIO veut sortir de ces considérations religieuses, préférant se féliciter que toutes les femmes puissent participer aux Jeux.
En 2012 à Londres, une Saoudienne avait déjà participé aux JO. Une judokate qui avait provoqué une polémique à laquelle Jacques Rogge, président du CIO à l’époque, rétorquait que « cette participation peut être vue comme le signe d’une évolution encourageante. » En effet, disait-il, « tous les comités olympiques nationaux auront ainsi envoyé des femmes aux Jeux olympiques. » Mais en attendant, le CIO n’a toujours pas statué clairement sur la question, à la différence de la FIFA qui a officiellement autorisé le port du voile islamique sur les terrains de football en 2014. Le CIO, lui, préfère laisser aux fédérations nationales le choix de l’interdire ou de l’accepter.
Jamais autant de femmes lors de Jeux olympiques
Pour ou contre le port du voile pour les athlètes féminines, force est de constater que le fait que le CIO ne s’oppose pas au foulard aura permis d’augmenter le nombre de femmes dans la compétition. Il y a quatre ans, pour la première fois de l’histoire des JO, toutes les fédérations avaient emmené à Londres des délégations mixtes. Alors qu’en 1896, lors des premiers Jeux olympiques modernes, les femmes étaient interdites, elles représentent désormais 44 % des athlètes participant à la compétition. Une évolution qui embête le CIO, qui est aujourd’hui tiraillé : s’il interdit le port du voile islamique, il risque d’inciter certains pays à n’envoyer que des délégations 100 % masculines aux prochains Jeux. Un véritable dilemme.