Depuis deux jours, les imams détachés, qui étaient payés par des États étrangers mais envoyés sur le sol hexagonal pour prêcher dans des mosquées françaises, n’ont plus le droit de cité. Désormais, les imams devront être salariés — d’une mosquée ou d’une association gérant une mosquée.
Cela concerne tout de même 10 % environ des imams qui officient en France : sur les 3 000 imams, en effet, 300 étaient détachés. Principaux pays touchés par cette mesure : la Turquie et l’Algérie, mais également le Maroc. Officiellement, il s’agit de faciliter le « dialogue entre l’État et les cultes », comme l’indique le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Est-ce la fin de l’« islam consulaire ». En tout cas, s’ils veulent rester en France, les imams autrefois détachés devront suivre plusieurs formations, en théologie mais aussi en langue française. Ce qui n’est pas forcément pour déplaire à certains responsables religieux français. « On n’enseigne pas l’islam de la même manière en France qu’en Mauritanie », résume ainsi Tareq Oubrou, grand Imam de Bordeaux.
Reste que, aujourd’hui en France, il est difficile pour les mosquées de salarier leurs imams. « S’il est important de salarier un imam ou deux par mosquée, c’est très difficile de salarier tout le monde, poursuite Tareq Oubrou. En outre, aujourd’hui les salaires ne sont pas très élevés, malgré les dons des fidèles. Donc beaucoup préfèrent conserver leur emploi à l’extérieur et continuer à contribuer à la vie de la mosquée en tant que bénévole ».
La suppression du statut d’imam détaché va-t-elle priver certaines mosquées d’imams ? Pour le moment, impossible de répondre à cette question. Mais le grand Imam de Bordeaux assure de son côté qu’« il n’y aura pas de pénurie d’imams justement parce que de nombreux musulmans peuvent endosser ce rôle. Il existe aussi des imams itinérants qui remplacent les imams malades ou en congés ». Les instituts de formation d’imams devront œuvrer, ces prochaines années, à former de nouveaux imams.