Le Haut-Commissariat de l’ONU déplore de « profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre » françaises.
Les policiers sont-ils d’extrême droite ? La question pourrait paraître exagérée. Et pourtant, une majorité d’entre eux votent pour les partis d’extrême droite. En 2012 déjà, selon le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), 30 % des policiers et militaires avaient voté pour le Front national lors du premier tour de la présidentielle. Lors des régionales de 2015, ce pourcentage était passé à 51,5 %. On imagine très bien aujourd’hui les scores de Le Pen et Zemmour cumulés lors de la dernière présidentielle au sein de la police.
Il y a « une implantation très forte du RN chez les policiers, une propension des policiers et militaires à voter pour Marine Le Pen que ce soit au premier tour de la présidentielle comme au second », indiquait Luc Rouban, directeur de recherche au CNRS et au Cevipof, lors de la présidentielle de 2022. Rouban tentait alors de séparer les intentions de vote des policiers d’un certain racisme au sein de l’institution policière. «S’il y a des racistes dans la police, derrière le vote RN, il y a surtout en moteur la dévalorisation du métier, et une demande de renforcement de l’autorité de l’État, une répression plus forte des délinquants », disait-il.
Certes, mais cela ne doit pas empêcher, aujourd’hui, de déplorer un racisme omniprésent au sein des forces de l’ordre. Et cette fois, c’est l’Organisation des Nations unies (ONU) qui le dit, juste après le meurtre du jeune Nahel par un policier. Ce vendredi, Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, a estimé que « c’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre ». Une affirmation qui vient juste après les violences qui secouent la France.
Mais le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme insiste intelligemment sur le fait que si des violences et des pillages ont lieu en ce moment, « il est crucial que la police respecte à tout moment les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité ». Et Ravina Shamdasani de rappeler que les policiers français ont déjà ciblé, à plusieurs reprises, « de manière disproportionnée » certaines minorités. Mais six mois après que le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale a déjà exprimé « sa profonde préoccupation face au recours fréquent aux contrôles d’identité, aux interpellations discriminatoires, à l’application d’amendes forfaitaires imposées par la police ou les forces de l’ordre », le gouvernement entendra-t-il l’institution internationale ?