Dans un rapport récent intitulé « Les compagnies aériennes, leurs menus et les religions qu’elles y reconnaissent », trois chercheurs en théologie, en géographie et en sciences politiques ont « identifié les menus religieux reconnus par l’Association internationale du transport aérien (IATA) », c’est-à-dire des menus hindou, halal, cacher et jaïn.
A partir des sites internet de 34 compagnies aériennes, ils affirment avoir « cherché à comprendre les logiques théologiques, géographiques et/ou politiques derrière les choix des compagnies aériennes » et à évaluer « l’impact que les menus religieux proposés par les compagnies aériennes exercent sur la relation entre religion et alimentation. »
Et le constat montre que les compagnies aériennes tentent de proposer à leurs clients des repas halal… Parmi les 34 sociétés observées, 31 proposaient des menus adaptés aux Musulmans, 29 des menus adaptés aux Juifs et aux Hindous, 17 des menus adaptés aux Jaïns. Pour les musulmans, seules trois compagnies ne proposent pas de repas halal : la compagnie israélienne El Al, ainsi qu’Aeromexico et Lan, deux compagnies latino-américaines.
Un menu halal dans les avions sans porc ni alcool… mais sans mention « halal »
Mais est-on, là, en présence de menus réellement halal ? Les trois chercheurs ont tenu à étudier la typologie utilisée par les différentes compagnies aériennes. Certaines se montrent « peu précises. » C’est le cas de Swiss International Air Lines, qui indique sur sa nourriture qu’elle est « préparée selon des préceptes religieux », quand Air France indique que ses repas ne contiennent « ni porc, ni viande de gibier, ni alcool. » D’autres compagnies aériennes, elles, n’hésitent pas à être plus explicites. Thai Airways explique que ses mets répondent « aux règles du Halal », Air New Zealand assure, elle, que sa nourriture est « préparée et servie en conformité avec les lois et les coutumes alimentaires musulmanes. »
Un document intéressant, notamment pour le développement du tourisme halal, qui tend à montrer que « l’offre des menus religieux dépend, au Proche-Orient du moins, de considérations politiques », et non géographiques. Les menus religieux, expliquent les chercheurs canadiens, sont « toujours marqué par l’absence : pas de porc, pas de bœuf, pas d’alcool. » Comme si les compagnies aériennes des pays non-musulmans avaient peur d’indiquer clairement la notion de « halal. » « L’offre de menus religieux constitue une reconnaissance des religions », indique Olivier Bauer. Preuve en est, une fois de plus, que les menus dans les avions dépendent de la politique du pays d’origine de la compagnie qui les propose.
Quand la politique dicte le menu à bord des avions (ici)