Ce mercredi soir, les députés de la Chambre des communes d’Ottawa, au Canada, discutaient d’une motion qui vise à « endiguer le climat de haine et de peur qui s’installe dans la population » et qui « condamne l’islamophobie et toutes les formes de racisme et de discrimination religieuse systémiques. » Une motion rédigée par Iqra Khalid, qui souhaite mettre en place un plan d’action pour lutter contre la discrimination religieuse, et soutenue « sans réserve » par le gouvernement Trudeau. Sauf que, pour de nombreux députés, condamner l’islamophobie reviendrait à réduire la liberté d’expression et de critiquer l’Islam. Un débat qui ressemble étrangement à celui qui a lieu en France, plaçant le combat contre l’islamophobie sur le seul terrain sémantique.
Les députés conservateurs d’Ottawa estiment que la motion serait « un premier pas vers la restriction de notre droit de critiquer l’Islam. » L’occasion pour des membres du Bloc québécois, comme Rhéal Fortin, de nier une islamophobie grandissante. « L’idée qu’il se serait instauré un climat de terreur et de haine, on n’est pas d’accord avec ça », explique-t-il, assurant que l’islamophobie n’est « pas systémique. » L’homme politique dénonce en tout cas une islamophobie d’Etat. « Il est faux de dire que dans nos institutions, il y a un racisme ou une discrimination religieuse systémique », dit-il. Mais est-ce pour autant un argument suffisant pour refuser la motion interdisant les discriminations religieuses ?