Les Philippins ont voté en janvier dernier par référendum en faveur de la création d’une nouvelle région autonome musulmane, nommée Bangsamoro.
Depuis les années 1970, des musulmans considéraient la région du sud des Philippines comme leur terre ancestrale et avaient pris les armes pour demander leur autonomie. Une insurrection qui a fait 150 000 morts.
Le principal groupe rebelle, le Front Moro islamique de libération (Milf), avait signé en 2014 un accord de paix avec le gouvernement prévoyant d’octroyer l’autonomie à la minorité musulmane dans certaines parties de l’île. Ce processus de paix, qui a débuté dans les années 1990, n’inclut pas les organisations qui ont prêté allégeance au groupe Etat islamique, encore très actives dans le sud des Philippines, et que le Milf combat aux côtés des forces gouvernementales.
Aujourd’hui, le président Rodrigo Duterte a finalement intronisé Murad Ebrahim, le dirigeant de la principale organisation musulmane de ce pays très majoritairement catholique, aux fonctions de chef du gouvernement local, à titre transitoire, au cours d’une cérémonie symbolique à Manille.
« La route vers la paix peut être longue et difficile, mais je suis content que nous soyons finalement arrivés au bout », a déclaré Rodrigo Duterte dans un discours, après avoir également intronisé les autres membres du gouvernement de transition de cette région. La majorité d’entre eux ont été choisis par le Milf.
Murad Ebrahim et les membres de son gouvernement occuperont leurs fonctions jusqu’à l’élection d’un parlement régional en mai 2022. Le processus de paix prévoit aussi le désarmement progressif des quelques 10.000 combattants armés du Front Moro.
L’entité territoriale baptisée Bangsamoro remplace la région autonome actuelle, qui avait vu le jour à la faveur d’un accord signé en 1996. Elle est censée être plus grande et avoir davantage de prérogatives.