L’influent gendre du président des Etats-Unis, chargé depuis deux ans par le milliardaire républicain de rédiger « l’accord ultime » pour mettre fin à l’inextricable conflit entre Israéliens et Palestiniens, a expliqué qu’il était sur le point de rendre public ce plan fin 2018 quand Israël a annoncé des élections anticipées, qui se sont déroulées début avril.
A présent, le Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui a eu « une grande victoire », « est en pleine formation de sa coalition » et « quand il aura fini nous serons probablement en plein ramadan », a-t-il relevé lors d’une conférence organisée par le magazine Time à New York.
« Nous allons attendre jusqu’à la fin du ramadan et ensuite nous publierons notre plan », a-t-il ajouté.
Donald Trump a promis de réussir sur ce sujet où tous ses prédécesseurs ont échoué, et il a confié cette lourde tâche à Jared Kushner, 38 ans, à la tête d’une petite équipe réputée très proche de l’Etat hébreu, avec son bras droit Jason Greenblatt et l’ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem David Friedman.
Sans expérience diplomatique au départ, le gendre du président est parvenu jusqu’ici à garder le secret sur le contenu de son plan, que les dirigeants palestiniens ont toutefois rejeté avant même sa publication, déniant au président américain tout statut de médiateur depuis qu’il a unilatéralement reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël.
Une fois de plus, le conseiller, dont les prises de parole publiques sont rares, n’est pas entré dans le détail mardi, vantant seulement « une approche non conventionnelle ».
« J’espère que c’est une vision très globale pour ce qui peut se passer si les gens sont prêts à faire des choix difficiles », a-t-il expliqué. « Si les gens se concentrent sur les vieux paramètres traditionnels, nous ne ferons jamais de progrès », a-t-il estimé, alors que les observateurs soupçonnent de plus en plus l’administration Trump de vouloir réviser, au détriment des Palestiniens, plusieurs points jugés jusque-là intangibles par la communauté internationale.
Jared Kushner a certes assuré qu’il y aurait « des compromis difficiles pour les deux parties ».
Mais il a une fois de plus refusé de dire si le plan reprendrait à son compte la « solution à deux Etats », ostensiblement délaissée dans les discours officiels américains depuis deux ans, en rupture avec le passé et avec le consensus international.
Outre son choix sur Jérusalem, Donald Trump a déjà pris plusieurs décisions en faveur d’Israël, comme la reconnaissance de sa souveraineté sur le Golan syrien, et a coupé les aides aux Palestiniens.
Le conseiller présidentiel a assuré vouloir mettre l’accent d’une part sur la sécurité d’Israël, et d’autre part sur « l’amélioration des conditions de vie des Palestiniens » et sur l’attractivité de leurs territoires pour les investisseurs.
« On s’attaque à toutes les questions centrales, car il faut le faire, mais on a aussi bâti un solide business plan », ou plan de développement, « pour toute la région », a-t-il ajouté. Washington semble compter sur le soutien de pays arabes qui se sont quelque peu rapprochés d’Israël, et Jared Kushner a personnellement développé des relations étroites avec certains dirigeants de la région, comme le très controversé prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.
Il a d’ailleurs reconnu lui avoir conseillé « d’être aussi transparent que possible » après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, alors que la responsabilité du prince était mise en cause.