« Nous avons besoin de trouver une voie politique pour vivre avec les autres habitants d’Israël ». Cette déclaration pacifiste, rapportée par le quotidien Yedioth Ahronoth, provient du premier représentant de l’Etat d’Israël en personne, Reuven Rivlin. Même si son rôle est avant tout honorifique et protocolaire, le président israélien ne s’est pas interdit d’exprimer son désaccord avec la décision du Parlement de légaliser rétroactivement les logements de quelque 4000 colons sur les terres de Palestiniens en Cisjordanie occupée. Rappelant la nécessité pour Israël de veiller à la manière dont elle applique sa souveraineté, Rivlin a notamment souligné que « l’Etat d’Israël a accepté la loi internationale qui ne permet pas à un pays agissant sous ses termes d’appliquer et de faire appliquer ses lois dans des territoires qui ne sont pas placés sous sa souveraineté ».
Indignation unanime
Sous le nom de « loi de régulation », les députés israéliens ont adopté à 60 voix contre 52 un texte qui intègre des logements de colons illégalement construits en Cisjordanie sous la juridiction civile israélienne – et non sous l’administration militaire, qui contrôle ces territoires occupés depuis 1967. La loi a été votée à l’initiative du parti Bayit Yehudi (« foyer juif ») de l’actuel ministre de l’Education, Naftali Bennett. Le président Rivlin n’est pas le seul à s’être élevé contre cette loi ; le parti d’opposition Union Sioniste est aussi monté en première ligne. Pour d’autres motifs. Son leader, Isaac Herzog, a justifié en séance plénière son rejet de l’annexion car celle-ci pourrait provoquer « l’entrée de milliers de Palestiniens dans l’Etat juif ». Selon le texte approuvé, l’expropriation des Palestiniens devra être compensée à un montant supérieur au prix du marché.
En écho à la prise de position du président israélien, le tout nouveau Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a averti pour sa part que cette loi « contrevient au droit international » et qu’elle aurait « des conséquences à long terme ». Il regrette que cette initiative offre une « immunité » aux colons, autorisés ainsi à bâtir sur des zones de propriété palestiniennes. Quant à l’Autorité Palestinienne, son président a menacé de porter l’affaire devant « les institutions internationales ». Mahmoud Abbas a en effet comparé cette légalisation à « une agression contre le peuple palestinien », représentant « un défi flagrant à la communauté internationale ». Il fait notamment référence à la résolution qui condamne l’extension des colonies illégales, approuvée par le Conseil de Sécurité de l’ONU le 23 décembre dernier grâce à l’abstention des Etats-Unis.