Jeudi 9 avril 2015, la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) a publié son rapport annuel. Il s’agit d’un état des lieux sur le rapport des Français au racisme, à la xénophobie et à l’antisémitisme. D’après l’enquête 2014 de la CNCDH, l’indice de tolérance des Français a progressé en dépit des attentats de janvier contrairement aux actes à caractère raciste qui ont enregistré une forte augmentation.
L’Islam mieux accepté en théorie qu’en pratique
Selon le dernier rapport de la CNCDH, la majorité des personnes interrogées voient les musulmans comme « un groupe à part dans la société ». En même temps, 67% des Français pensent que leurs concitoyens musulmans ont le droit de « pouvoir exercer leur religion dans de bonnes conditions ». En théorie, la pratique de l’Islam paraît plutôt acceptée, mais l’exercice du culte, à l’instar de la prière et du jeûne de ramadan, semble moins toléré. En effet, 46 % estiment que la prière « peut poser problème à la vie en société ». 40 % sont contre l’interdiction religieuse de consommer du porc ou de l’alcool. Les chiffres indiqués ont fortement augmenté depuis 2003, vu que ces pratiques ne dérangeaient que 13 et 23 % des sondés. Le voile intégral est rejeté par 93% des personnes interrogées, ainsi que le port d’un simple foulard, qui est aujourd’hui déploré par 79% des sondés. Selon Vincent Tiberj, chercheur à Sciences Po, « Il y a une logique de transformation des préjugés dans le temps. Aujourd’hui, il existe un racisme subtil, qui consiste à se cacher derrière de bons arguments pour masquer ses préjugés. Par exemple, s’opposer au voile intégral en disant qu’il s’agit d’un acte de soumission des femmes… La vraie raison est le rejet de l’islam en bloc. »
Rapport CNCDH : le terme islamophobie officialisé
La commission nationale consultative des droits de l’Homme a officialisé l’utilisation du terme « islamophobie« , selon son rapport publié jeudi, 9 avril 2015. « A l’occasion de son édition 2013, la CNCDH a adopté une définition du phénomène d’« islamophobie », comme « l’apparition d’une quasi phobie, c’est-à-dire d’une peur intense à l’égard de l’islam et des musulmans en France, générant un climat d’angoisse et d’hostilité à leur égard ». La CNCDH distingue la revendication islamophobe des actes délictueux au mobile antimusulman qui tombent sous le coup de la loi pénale. En effet, les attentats de Paris ont engendré une nette augmentation des actes islamophobes. Paradoxalement au sondage publié par l’institut BVA, le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et la CNCDH démontrent que les agressions à l’encontre de la communauté musulmane en France affichées pour le seul mois de janvier 2015 dépassent celles recensées durant toute l’année 2014.
Hier, dans son résumé de son rapport 2014,la CNCDH officialise le terme de l’islamophobie. Travail du CCIF récompensé http://t.co/6OsbWBadFf
— CCIF (@ccif) 10 Avril 2015
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