Le ministère de l’Intérieur demande aux supporters de ne pas exprimer de messages religieux pendant l’Euro 2016. Une consigne qui contredit les lois de la République…
« Ne pas exprimer ou diffuser des messages injurieux, racistes, xénophobes, sexistes ou religieux. » Voilà une association d’idées étrange. Dans ses consignes aux supporters pour l’Euro 2016 de football, qui se déroule actuellement en France, le ministère de l’Intérieur établit cette liste de choses interdites par la loi. Sauf qu’interdire la religion — même pour un événement sportif — contrevient à l’article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen qui indique que « nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public établi par la loi », mais aussi à l’article 1 de la Constitution française qui assure que la France « respecte toutes les croyances. »
La religion, devenue illégale ?
Le ministère de Bernard Cazeneuve estime donc que ne pas exprimer sa religion est une façon de « bien se comporter au sein et aux abords des stades. » Sauf que, le 9 juin dernier, au moment de diffuser ses consignes, la place Beauvau avait simplement indiqué qu’il ne fallait « pas tenir de propos politiques, idéologiques, injurieux, racistes ou xénophobes. » Devant l’étonnement des citoyens français, en pleine contestation de la Loi travail, le ministère de l’Intérieur a donc décidé de changer l’interdiction de tenir des propos politiques par celle de ne pas exprimer de messages religieux. « La religion est donc devenue illégale », s’étonne le directeur de la rédaction du magazine catholique La Vie, Jean-Pierre Denis.
Jean-Pierre Denis pose alors deux questions : « La loi de la république n’existe plus ? Elle s’efface devant une organisation commerciale privée ? » Une consigne que le directeur de la rédaction et éditorialiste juge « grave. » Rappelons que la Fédération française de football envisageait, dans le même esprit, de transformer l’article 1 de ses statuts, qui interdit, jusqu’à aujourd’hui, « tout discours, manifestation ou affichage à caractère politique, syndical ou confessionnel est interdit à l’occasion des matches », et qui devrait, la saison prochaine, interdire « tout acte ostentatoire qui fait référence à une pratique religieuse quelle qu’elle soit. »