Le président turc joue « un jeu politique particulier dans cette circonstance. » La sortie est signée Jean-Yves Le Drian. Le patron de la diplomatie française, dans une interview télévisée, a affirmé ne « pas avoir connaissance » de l’enregistrement turc qui accuse les Saoudiens du meurtre de Jamal Khashoggi. Depuis le début de l’affaire, Erdogan mène la danse. Le président turc a, aujourd’hui, le destin de MBS entre les mains. De quoi fâcher l’un de ses plus gros fournisseurs en armes ?
En tout cas, la sortie de Le Drian n’est pas passée à Ankara. La Turquie a jugé « inacceptables » les propos du ministre français des Affaires étrangères qui, selon Ankara, « a dépassé les bornes. » L’homologue de Le Drian, Mevlüt Cavusoglu, a estimé qu’« accuser notre président de jouer un jeu politique est extrêmement impoli. »
La Turquie affirme en effet que le 24 octobre, « notre service de renseignement a transmis tous les éléments, y compris un enregistrement audio, aux services de renseignement français à leur demande. » Le Quai d’Orsay estime qu’il s’agit d’un « malentendu » et laisse entendre que la vérité sur cette affaire n’éclatera qu’avec l’aide de… Riyad. « La vérité complète qui nous importe ne tient pas seulement à des enregistrements turcs, quelle qu’en soit la nature. La vérité complète elle est aussi à rechercher à Ryad, dans nos échanges avec nos autres partenaires », explique la France.
Paris a, lors de cette affaire, été très timide dans ses réactions. Le Quai d’Orsay avait simplement demandé à l’Arabie saoudite une « enquête exhaustive et diligente », sans condamner durement le meurtre du journaliste. De nombreux pays affirment, contrairement à Le Drian, avoir écouté l’enregistrement turc. Le Royaume-Uni fait pression sur le roi saoudien pour que la vérité éclate. Pendant ce temps, la France accuse Erdogan de « jeu politique » en épargnant MBS. A ce jeu-là, le Quai d’Orsay semble bien, lui, avoir une position politique difficile à comprendre.