Depuis le 2 février, Tariq Ramadan est placé en détention provisoire après les plaintes de deux femmes fin octobre. Des plaintes qui ont débouché sur une information judiciaire confiée à trois juges d’instruction. Tariq Ramadan est accusé de viols, dont l’un sur personne vulnérable.
La défense affirme avoir un alibi en béton
Le lundi 5 février, l’affaire prend une tournure étonnante. Le Parisien révèle en effet qu’une réservation de billet d’avion, fournie par les avocats de Tariq Ramadan, « s’est mystérieusement égarée au parquet de Paris avant de réapparaître très tardivement. » Cette réservation contredirait les déclarations de l’une des plaignantes connue sous le pseudonyme de « Christelle », puisque selon les avocats, Tariq Ramadan aurait atterri à Lyon à 18h35 le 9 octobre, alors que la plaignante affirme avoir rencontré l’islamologue « dans l’après-midi. » Yassine Bouzrou et Julie Granier dénoncent un « défaut de communication » qui porte « gravement préjudice à Monsieur Ramadan. »
Une pièce qui disparaît et réapparaît
Il y a, dans cette affaire Tariq Ramadan, plusieurs zones d’ombre, autant à charge qu’à décharge. La disparition puis la réapparition d’une pièce n’est pas un fait anodin. Le jour de cette révélation, la défense décide donc d’envoyer un courrier à la Garde des Sceaux pour demander la saisine de l’Inspection générale de la justice. A ce jour, aucune vérification de la présence ou non de Tariq Ramadan dans le vol Londres-Lyon atterrissant à 18h35 n’a été faite. Problème : les avocats Yassine Bouzrou et Julie Granier misent sur cet alibi pour effacer tout soupçon à l’encontre de Tariq Ramadan. Or, dans des mails que nous avons pu consulter, l’information selon laquelle Tariq Ramadan aurait atterri à Lyon à 18h35 est fausse.
Tariq Ramadan est arrivé à Lyon à 11h15
Le 15 septembre 2009, l’UJM (Union des jeunes musulmans) lance une invitation à Tariq Ramadan. Dans un mail adressé à son bureau, l’islamologue est invité à participer à une conférence, un cours et un débat qui auront lieu le 9 octobre. Après plusieurs propositions de vols Londres-Lyon et des discussions avec les organisateurs, le bureau du professeur d’Oxford finit par proposer un premier vol qui atterrirait le vendredi 9 octobre à 18h35. Tariq Ramadan repartirait alors le dimanche suivant. Mais dans un nouveau mail daté du 1er octobre, le bureau de l’islamologue écrit à l’UJM pour indiquer que Tariq Ramadan prendra finalement l’avion qui arrive à Lyon à 11h15, en provenance de Madrid et non plus de Londres. Le professeur prendra un vol de la compagnie Iberia pour se poser à Lyon en fin de matinée.
Pourquoi cette pièce n’a pas été versée au dossier ?
Alors que les avocats de Tariq Ramadan misaient tout sur cette réservation, les soutiens de l’islamologue prévenaient, le 15 février, qu’« affirmer (…) qu’une réservation d’avion est un alibi irréfutable qui exige sa libération n’est pas recevable » car « tous ceux qui connaissent le rythme de vie de Tariq Ramadan savent qu’il lui arrivait de réserver et de changer ses réservations en dernière minute. »
L’incompréhension règne cependant au sein du comité de soutien à Tariq Ramadan : « Quelle que soit la valeur de cette pièce, ce que nous n’arrivons pas à comprendre, c’est que les enquêteurs n’aient même pas essayé de la vérifier », écrivait l’entourage proche de Tariq Ramadan qui s’étonne de la « disparition, réapparition et enfin invalidation d’une pièce que l’enquête préliminaire n’a même pas vérifié. »
Pour les proches de Tariq Ramadan, « il y a de quoi se poser des questions sur le sérieux d’une enquête préliminaire et d’une justice qui ne semble plus contrôler les événements » au moment où « la santé de Tariq Ramadan se dégrade fortement (…). Il subirait une dépression profonde et serait sous anxiolytique. »