Vendredi dernier, une cinquantaine de policiers se sont rendus aux abords de la mosquée d’Alfortville selon les chiffres de la préfecture du Val-de-Marne, une centaine selon l’évaluation de la mairie.
Cette petite mosquée du sud de la ville peut attirer plusieurs centaines de personnes le vendredi, obligeant parfois certains fidèles à prier dans la rue par manque de place. « C’est juste un débordement de 30, 40 personnes certains jours, mais on ne gêne pas » assure Yakoub Sakhri, le président de l’Association musulmane au site 94 citoyens.
Ce jour-là la police souhaitait empêcher les fidèles de prier dans la rue. Son intervention s’est déroulée sans heurts, ni interpellation. Mais elle n’a pas manqué d’agacer la communauté musulmane sur place ainsi que la municipalité. En effet, selon les informations du Parisien, une solution avec la mairie était sur le point d’être trouvée.
« On ne comprend pas bien pourquoi un tel déploiement de force disproportionné a été déclenché sans concertation (…) Dans d’autres mosquées, les débordements sont plus importants », a réagi le maire PS Michel Gerchinovitz, interrogé par 94 citoyens.
Un déploiement disproportionné de la police selon la municipalité
Une position partagée par le débuté PS et ancien maire de la ville, Luc Carvounas, qui souhaite « des explications ». Lundi, le député à écrit au ministre de l’Intérieur.
« Au moment même où le préfet du Val-de-Marne adressait au président de l’association des musulmans un courrier valorisant une méthode concertée et un dialogue soutenu afin de trouver des solutions (…), le préfet de police de Paris a décidé unilatéralement un déploiement disproportionné de forces de police », s’est exprimé le parlementaire.
Quelques jours plus tôt, Luc Carvounas était invité sur le plateau de LCI, avec d’autres concurrents pour le poste de secrétaire national du PS. L’homme politique avait évoqué le cas de sa ville et du problème des prières de rue, dû à une salle trop exiguë.
Pour lui, l’intervention de la police peu de temps après n’est pas une coïncidence.
« Il y a une volonté du pouvoir en place de déstabiliser, pas seulement Alfortville, mais les collectivités dans le cadre des municipales à venir », a t-il déclaré au Parisien.
« La communauté demande depuis cinq ans une extension de son lieu de prière. Rien n’est fait. Il faut que la République garantisse la pratique du culte de chacun », a également réagi le conseiller municipal Jean-François Coquet suite à l’intervention de police.
La mairie envisage prochainement de récupérer une parcelle mitoyenne de la mosquée actuellement occupée illégalement par des Roms, afin qu’elle serve à l’agrandissement du lieu de culte. Une procédure qui devrait aboutir en avril prochain.
Mais selon la préfecture du Val-de-Marne, depuis quelques semaines, plusieurs lieux de culte sont visés pour occupation de la voie publique. D’autres opérations policières sont donc attendues.