samedi 13 décembre 2025
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Algérie : décès en prison d’un militant des droits humains

Libéré en juillet 2017, après avoir purgé deux ans de prison, notamment pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et « trouble à l’ordre public », Kamel Eddine Fekhar avait été à nouveau arrêté et placé le 31 mars en détention préventive à Ghardaïa, à environ 480 km au sud d’Alger, pour « atteintes aux institutions ».

« Je confirme la mort ce matin de Kamel Eddine Fekhar, à l’hôpital de Blida », à une quarantaine de kilomètres au sud d’Alger, où il avait été transféré « dans un état comateux », a déclaré à l’AFP Me Salah Dabouz, avocat du défunt qui était en grève de la faim depuis son incarcération.

Dans une vidéo postée sur son compte Facebook, Me Dabouz dénonce « cet acharnement et cette mort programmée, prévue par les autorités judiciaires de Ghardaïa » qui ont mis M. Fekhar « en détention pour un dossier vide ».

« J’ai tiré la sonnette d’alarme, ça fait trois semaines que Kamel Eddine était détenu dans des conditions inhumaines au pavillon carcéral de l’hôpital de Ghardaïa; rien n’a été fait », a poursuivi Me Dabouz.

Me Dabouz est lui-même inculpé depuis début avril de 14 chefs d’infraction – dont incitation à la haine ou la discrimination, atteinte à l’intégrité du territoire national, tentative de pression sur les juges – liées, selon lui, à ses critiques publiques des actions de la justice de Ghardaïa contre les militants mozabites.

Appels à ouvrir une enquête

Médecin, Fekhar fait partie des militants arrêtés après des violences communautaires dont la région du M’zab (dont Ghardaïa est la principale ville) a été le théâtre en 2015 entre Mozabites, des Berbères de rite ibadite, un courant minoritaire de l’islam, et Chaâmbas, des Arabes de rite malékite.

Me Dabouz a annoncé qu’il allait déposer plainte pour « non assistance à personne en danger », accusant les magistrats « qui ont ordonné la détention de Kamel Eddine Fekhar » et « l’ont laissé mourir en prison », et le personnel de l’hôpital de Ghardaïa « qui l’ont très mal traité ».

Il a indiqué tenir pour « responsables les autorités (algériennes) de l’intégrité physique des autres détenus » et demandé « à ce que tous les dossiers des Mozabites (…) soient transférés vers une autre juridiction ».

La mort de Fekhar a suscité des appels à l’ouverture d’une enquête sur les circonstances de son décès.

La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a réclamé « la vérité au sujet du décès » en détention de Kamel Eddine Fekhar qualifié de « prisonnier d’opinion » et exigé « que justice soit faite ».

Le Front des forces socialistes (FFS), plus ancien parti d’opposition en Algérie, a demandé que « toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce décès » qui « survient après plusieurs semaines de détention abusive et arbitraire dans des conditions insoutenables et inhumaines ». Le parti a également exigé « la libération immédiate des autres détenus d’opinion ».

Organisation citoyenne, le Rassemblement Action Jeunesse (RAJ) a demandé « l’ouverture d’une d’enquête indépendante et transparente pour déterminer les circonstances de la mort de Kamel Eddine Fekhar ».

« Les autorités doivent immédiatement ordonner une enquête effective, indépendante et impartiale sur les circonstances de son décès et traduire en justice toute personne soupçonnée d’avoir une responsabilité pénale dans cette affaire », a estimé de son côté Amnesty International.

Cette ONG a appelé les autorités algériennes à « revoir immédiatement leurs politiques répressives et le traitement honteux réservé aux militants et aux manifestants dans le pays et laisser un espace à la liberté d’expression et au droit de manifester pacifiquement », dans un communiqué transmis à l’AFP.

En décembre 2016, un journaliste algérien, Mohamed Tamalt, était décédé après trois mois de grève de la faim en prison, où il purgeait une peine de deux ans pour « offense au président de la République ».

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