« Biens mal acquis » et « corruption ». L’Algérie a lancé un grand ménage dans son armée. Cinq généraux, qui avaient été limogés, ont été placés ce dimanche en détention provisoire. En septembre dernier, le pouvoir algérien avait bousculé son Etat-major après une saisie record de cocaïne trois mois plus tôt. Des enquêtes avaient alors été lancée par la justice militaire et les différents protagonistes assignés à résidence.
Finalement, le général Boudjemaâ Boudouaour, qui fut directeur des finances au ministère de la Défense, le général Menad Nouba, ancien commandant de la gendarmerie nationale, ainsi que les généraux Habib Chentouf, Saïd Bey et Abderrazak Chérif ont comparu devant un juge d’instruction d’un tribunal militaire et ont ensuite été placés en détention provisoire pour « corruption » et « biens mal acquis. » En réalité, ces hommes sont accusés d’avoir mal géré et dilapidé de l’argent public.
A quelques mois seulement de la présidentielle, lors de laquelle le président Bouteflika envisagerait de se présenter pour un cinquième mandat, cette série de limogeages pose question. Une opération mains propres qui, en cas de retrait de la candidature du président actuel, pourrait permettre de lancer le général Ahmed Gaïd Salah, vice-ministre de la Défense nationale et chef d’état-major des armées depuis plus de quatorze ans, dans la course à la présidence.
Mais cette chasse aux sorcières pourrait également être une façon pour Bouteflika d’affaiblir et d’isoler son Etat-major, puisque plusieurs proches d’Ahmed Gaïd Salah sont aussi visés par les enquêtes en cours. Alors que, selon Abderrezak Mokri, président du Mouvement de la société de paix, l’armée serait actuellement en train de tenter de dissuader Bouteflika de se représenter à sa propre succession.