Une étude de la fondation Bertelsmann publiée jeudi dernier montre que les immigrés ont créé près de deux millions d’emplois en Allemagne en dix ans. Des résultats qui démontent les clichés sur le poids économique des étrangers outre-Rhin.
Selon une étude publiée le 18 août par la fondation Bertelsmann, une ONG allemande de promotion de l’entrepreneuriat et de l’indépendance financière, le nombre d’entrepreneurs d’origine étrangère a augmenté en Allemagne, de même que celui des emplois qu’ils ont contribué à créer. « Nous montrons dans notre étude que les personnes issues de l’immigration ne prennent le travail de personne en Allemagne. En fait, c’est même plutôt le contraire », affirme Aart de Geus, le président de la fondation.
De Geus va jusqu’à qualifier ces chefs d’entreprise de « moteurs pour l’emploi » sur le marché du travail allemand. Selon cette étude, le nombre d’emplois directs et indirects créés par des entrepreneurs issus de l’immigration a crû de 36% entre 2005 et 2014, passant en volumes de 947 000 à près de deux millions de postes sur cette décennie-là. Des chiffres « d’autant plus remarquables », souligne le rapport, que le nombre de personnes immigrées en Allemagne sur la même période n’a, quant à lui, progressé que de 9%.
Des clichés sur les immigrés déconstruits
L’étude de la fondation Bertelsmann contribue ainsi à déconstruire des clichés tenaces sur la place et le supposé fardeau des personnes d’origine immigrée, souvent cantonnées, selon les Allemands « de souche », à la gérance de commerces de kebabs et de kiosques de rue. Une caricature « éloignée de la réalité », souligne la publication. En effet, seuls 28% des chefs d’entreprise aux origines étrangères se trouvent à la tête d’un restaurant de spécialités ou d’un commerce de détail. Plus encore, ce chiffre est le résultat d’une tendance à la baisse, de 10% depuis 2005, toujours selon les données avancées par l’étude. De fait, cette catégorie de personnes se retrouve davantage dans d’autres secteurs des services, comme la construction ou l’industrie. « Les statistiques montrent de plus en plus que nous pouvons dire adieu à ce genre de clichés », insiste Armando Garcia Schmidt, le directeur de l’étude.
Malgré ces nouvelles encourageantes, des écarts persistent entre les personnes issues ou non de l’immigration. En moyenne, les migrants et leurs descendants possèdent un revenu 30% inférieur à celui des Allemands dits de souche. Un fossé qui pourrait trouver son explication dans le niveau d’éducation généralement plus faible des entrepreneurs issus de l’immigration. « Les personnes dont l’histoire est marquée par la migration non seulement travaillent pour leur propre compte, mais génèrent du travail et offrent à d’autres personnes la chance d’avoir un emploi », conclut Aart De Geus.