C’était un secret de polichinelle. Mais lorsque c’est un ancien espion de la DST qui le dit, la rumeur devient alors information. Ancien agent du renseignement intérieur, Paul-Louis Voger — il s’agit d’un pseudonyme — a écrit « Je ne pouvais rien dire », un livre dans lequel il raconte son ancien métier et livre quelques secrets sur la direction de la Surveillance du territoire.
Interrogé par le Parisien, l’ancien du renseignement raconte que, depuis la vague d’attentats de 1995, l’opération Mirre a été mise en place, s’essuyant « les pieds sur l’état de droit. » Selon l’ancien de la DST, « à partir des fichiers administratifs, on convoque massivement des gens qui n’ont rien à se reprocher pour, leur explique-t-on, ‘actualiser’ leur dossier. Or, de quoi s’agissait-il, sinon d’un ‘fichage musulman’ ? » Paul-Louis Voger compare cette méthode à celle « de la Loubianka », quartier général du KGB soviétique.
Les départs à La Mecque pour lister les musulmans ?
Rien de bien neuf. Dans « L’espion du président », livre de Christophe Labbé, Didier Hassoux et Olivia Recasens sorti en 2012, les auteurs dévoilaient l’existence de Cristina, un fichier de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DCRI) qui, selon eux, « recense tous ceux qui peuvent de près ou de loin porter atteinte à la sécurité du territoire. » Avant de préciser : « Concernant la communauté musulmane, Cristina est doté d’un véritable estomac d’autruche, avalant un peu tout et n’importe qui. »
La DCRI étudie ainsi chaque année les départs à La Mecque. L’occasion, selon les auteurs de « L’espion du président », de « faire entrer de nouveaux noms » sur le fichier Cristina. Parmi ces pèlerins, beaucoup n’ont pourtant aucun lien avec un quelconque islamisme radical, ajoutent les écrivains qui évoquent la « répression préventive » pratiquée par la DCRI.